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Dans le sommeil, des bouleaux blancs redonnent …

La lune éclaire ce paysage champêtre,

Une ombre pâle court et va disparaître…

Cette nuit noire, j’entrevois que, dans la brume,

Le Père Frimas rôde dans le clair de lune.

Le vent chante, on entend dans une chaumière

Que le berceau craque doucement… La lumière

De la lune perce une obscurité fine,

Luit sur les bancs par les fenêtres argentines.

Cette nuit, j’entrevois parmi les bouleaux:

Le Père Frimas regarde par les carreaux.

Une route dans la steppe s’en va en silence!

La neige blanche la couvre en abondance.

Les villages dorment. Les sapins solitaires

Somnolent aux chants du vent… Au cimetière,

Le Père Frimas rôde partout à petits pas –

Ce n’est pas la steppe que j’y entrevois …

Patrie

Sous les nuages de plomb au ciel sombre,

Le jour d’hiver, morose, s’éteint;

Et des pinèdes s’en vont dans l’ombre

Sans fin et des villages sont loin.

Au-dessus des neiges du désert pâle,

Comme, chez quelqu’un, un doux chagrin,

Seul, le brouillard d’un bleu opale

Allège ce nébuleux lointain.

Chute des feuilles

Comme un château tout bariolé,

Le bois est peint de couleurs claires:

Lilas, dorées. Il peut sembler

Au mur autour de la clairière.

Partout, l’azur pur est percé

Par les feuilles jaunes des bouleaux et,

Comme des tours, les sapins se tiennent

Parmi les érables et les chênes.

On voit dans le feuillage troué

Les éclaircies du ciel limpide

Et le bois sent le pin séché

Au soleil. Comme un veuf timide,

L’automne doux entre après l’été

Dans son château tout bagarré.

Ce jour-là, sur une clairière vide,

Comme au milieu d'une large cour,

Brillent des toiles d'araignée splendides,

Comme de l'argent. Et tout ce jour,

Un papillon, dans la cour, danse

Et, comme un petit pétale blanc,

Après ses jeux gais, sans mouvement,

Se tient sur une toile en silence,

Chauffé par la chaleur solaire;

Ce jour-là, il fait tellement clair,

Et le silence va se répandre

Sur tout le bois et le ciel bleu

Et dans ce grand règne silencieux,

Le bruit d’une feuille se fait entendre.

Comme un château tout bariolé,

Le bois est peint de couleurs claires:

Il est autour de la clairière,

Ce grand silence l’a fasciné;

En s’envolant, un merle glousse

Parmi des germes qui y poussent,

Des feuilles versent une lueur ambrée

Et dans le ciel, on voit danser

Des étourneaux. Mais une brise douce,

Encore une fois, va tout calmer.

Oh, quel bonheur et ses dernières

Minutes! L'automne est seul qui sait

Qu’à cause du grand silence muet

Il fait mauvais dans l’atmosphère.

Le bois est toujours silencieux,

Etrange, quand le soleil se couche

Et l’éclat pourpre et doré touche

Le château qui brille comme en feu.

Ensuite, la nuit tombe d’un air sombre.

La lune se lève et, dans le bois,

Des ombres glissent… Il fait froid

Et il devient clair en pénombre

Sur les clairières, dans les fourrés

Du bois. Et même l'automne se montre

Dans la nuit comme d’effroi glacé

Dans ce silence inhabité.

Il est tout autre, ce silence:

Écoute-le, il devient plus grand,

La lune pâle se lève lentement,

Terrible dans le ciel immense.

Elle fait plus courtes toutes les ombres,

Jette sur le bois un voile brumeux,

Elle lance droit des regards sombres

De la hauteur du ciel aux yeux.

Sommeil profond de la pénombre!

Moment, dans la nuit, mystérieux!

Dans l’argent d’un brouillard humide,

La clairière est brillante et vide.

Le bois est inondé de blanc,

Comme si sa mort que sans mouvement,

Il sent, est proche. Même une hulotte

Reste immobile, et elle se tait,

Regarde des branches d’un air niais,

Rare est son ululation sotte.

Soudain, elle vole du haut en bruit,

En agitant ses grandes ailes molles,

Elle s'assied sur les buissons, puis,

Elle tourne la tête, comme une folle,

Sur les côtés, avec les yeux

Tout ronds comme d’une grande surprise;

Le bois est transi de sa prise

Par un obscur souffle brumeux,

Les feuilles sont humides, comme s’il pleut…

À l’aube, il ne faut pas attendre

Que le soleil soit dans le ciel.

Le bois froid est plein de brume tendre

Après telle nuit avec du gel!

Profondément, l'automne se cache

Ce qu'il a eu cette nuit, et telle

Est sa grande solitude qu’il tâche

De s’enfermer dans son château.

Que la pluie fasse rage aux fourrés!

Que les nuits soient pluvieuses et sombres!

Que les yeux des loups brillent dans l’ombre

D’un feu vert aux bois, sur les prés!

Le bois est, comme sans surveillance,

Un château noir et tout déteint,

Et le septembre fait sa danse,

Il lui enlève le toit. Enfin,

Il couvre l'entrée de feuilles mortes

Et des gelées précoces qu’il porte

Commencent à fondre, en tuant tout…

Loin dans les champs vides, des cors sonnent,

Et on entend leur chant partout

Comme un cri triste et monotone

Aux champs où règne le froid de loup.

Le bruit des arbres dans la plaine

Se perd très loin au fond des bois,

Un cor de Turin, hurlant, mène

Les chiens de chasse vers leur proie,

Le chahut des chiens qui aboient

Sonne comme une tempête qu’on déchaîne.

Il pleut, il fait froid, comme s’il gèle,

Des feuilles jaunes tombent sur les clairières,

Et au-dessus du bois, les dernières

Oies battent, en s’envolant, des ailes.

Les jours passent. Des fumées fragiles

Se lèvent debout chaque matinée.

Le bois est pourpe et immobile,

Le sol givré semble argenté.

Et dans son beau manteau d’hermine,

Avec un pâle visage lavé,

Quand son dernier jour le fascine,

L'Automne sort par la porte d’entrée.

La cour froide est vide. De la porte,

Parmi deux trembles desséchés,

Loin, il voit le bleu des vallées

Et le désert d’une tourbière morte.

Il en voit la route vers le Sud:

Là, se sauvant de l’hiver rude,

Du froid, de la neige, des tempêtes,

Dès le matin, l'Automne se jette;

Suivant les oiseaux, il ira

Au Sud, par son chemin solitaire,

Et, dans le bois vide, il quittera

Son beau château sur la clairière.

Pardon, cher bois! Pardon, adieu!

Le jour sera doux. La nouvelle

Neige va argenter, blanche et belle,

Des champs déserts et silencieux.

Ce jour, le bois vide est bizarre

Comme un château tout en blanc froid

Qui ce jour-là partout, s’empare

Des villages calmes sur les toits,

Et du ciel bleu où, sans frontières,

Les champs vides sans fin disparaissent!

Des zibelines, des martres se laissent

Jouer sur les prés aux congères!

Elles vont courir et gambader

Sur la neige douce pour se chauffer!

Et là, comme si un sorcier danse,

Les vents s’engouffrent dans le bois,

Venus de l'océan immense

Avec la neige de la Toundra.

Ils hurlent comme une bête sauvage,

Détruisent le vieux château en rage,

Et il n’en reste que des pieux.

Sur ce squelette défectueux,

Ils accrocheront des gelées blanches,

Et des palais, sous le ciel bleu,

Brilleront d’argent, parmi les branches,

Et de cristaux miraculeux.