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Et une louche de bouleau dans l’eau qu’on voit.

Russie, je n'aime pas ta misère sans force,

Causée par le servage plus de mille ans.

Mais cette croix, mais cette petite louche d'écorce

Blanche … Ce sont des traits humbles que j’aime tant!

Dans le bois d’automne,

La mousse du marais

Sèche. Le ciel pâle donne

Au lac ses reflets.

Les lis défleurissent,

Le safran, bien plus.

Les sentiers périssent,

Le bois vide est nu.

Ce n’est que toi, aune,

Sur les mottes jaunies

Qui restes en automne

Sec, mais embelli.

Et dans l’eau dormante,

Tu te vois toujours.

Le printemps t’argente

Le premier un jour.

Par la fenêtre

Les cèdres ont des branches en broderie verte

Faite sur une sombre peluche serrée.

On voit derrière le balcon ces cèdres

Au jardin limpide comme en fumée,

Les pommiers et les sentiers bleuâtres.

Comme des émeraudes, l’herbe est brillante.

Les bouleaux ont des chatons grisâtres,

La dentelle des branches est transparente.

Les érables sont couverts d’un voile

Ajouré et tout en mouches dorées;

Et plus loin avec des forêts pâles,

Le lointain bleu fond dans les vallées.

Près de la route sous les sapins, une belle

Neige est si richement profonde et pure.

Un cerf y marche, puissant, à jambes grêles,

Ayant rejeté sur le dos sa ramure.

C’est sa trace. Ici, il a fait des sentes,

Il a rongé un sapin à dents blanches –

Beaucoup d’aiguilles tombent sur des tas immenses

De neige du sommet du sapin, des branches.

Il est calme, sa trace, rare – mais en une seconde,

Soudain, il saute! Et loin dans la prairie,

La course des chiens se perd. Les branches tombent,

Cassées par sa ramure quand il s’en fuit…

Oh, que dans la vallée, il est rapide!

Que sa course est leste! Qu’il est frais et fort!

En coup de vent comme une gaie bête sans brides,

Il emportait la beauté de la mort!

Le laboureur

Le ciel est bleu et pâle et la jachère

Est dans la brume. Et aux champs vaporeux

Que je laboure, les couches noires de la terre

Tombent aux sauvagerons comme un don de Dieu.

Sur le sillon où je vais vite derrière

Les socs, je laisse des traces. Et c’est si beau

De mettre sur le sillon de la terre

Mes pieds nus comme sur le velours très chaud!

Sur cette terre, je suis perdu comme en pleine

Mer bleu-lilas. Et très loin derrière moi

Où la maison est éclairée à peine,

La première chaleur coule au-dessus du toit.

Une idole

Dans la steppe infinie où l'herbe est morte

De la chaleur, le lointain est bleuâtre.

Là, c’est le crâne d’une jument jadis forte.

Ici, c’est une idole en pierre grisâtre.

Que ces traits semblent plats et indolents!

Que ce corps primitif semble le pire!

Debout, devant toi, j'ai peur… Craintivement,

Tu me regardes avec un petit sourire.

N'étais-tu pas le Jupiter tonnant,

Obscur démon sauvage âgé de mille

Ans? – Nous ne sommes pas créés par Dieu. Tant

D’eux sont créés par notre cœur servile.

Un gîte pour une nuit

Le monde est une forêt, refuge nocturne des oiseaux.

Brahmanes

À l'heure du soir au bois dans les ténèbres,

Quand le soleil s’éteint, chaud, dans les eaux,

Tombe vite sous le rideau de l'ombre verte

Et reste là, ce gîte est beau.

Et de bonne heure pleine de rosée blanche,

Agite des ailes dans les feuilles, fais-les bruire

Et disparais au ciel au-dessus des branches –

À la patrie, âme, va revenir!

Solitude

Il pleut et la brume dense s’étend

Au-dessus d'un désert d'eau sans rides.

La vie reste ici sans mouvement

En hiver, les jardins y sont vides.

Je suis seul. Il fait sombre devant

Mon chevalet, dehors souffle le vent…

Quand tu as été chez moi hier,

Tu t’ennuyais, c’était triste ici.

Tu m’as paru épouse, ma chère,

Ce soir après une journée de pluie.…

Je vivrai dans ce monde silencieux

Tout l’hiver sans femme et seul – adieu!

Aujourd'hui, de gros nuages s’en vont,

Les mêmes files y passent sans fin toujours.

Ta trace se perd près du perron,

Remplie d'eau de la pluie dans la cour.

Ça fait mal, à moi seul, de fixer

Au déclin du jour l'obscurité.

Je voudrais crier après elle:

"Mais tu es très chère pour moi! Attends !»

Pas de passé pour une femme. Elle

N’aime plus – je suis étranger maintenant.

Près du feu, je vais prendre du vin…

Il vaudrait mieux acheter un petit chien…

Le testament de Saadi

Comme un palmier, sois généreux! Mais si non, sois

Noble et très simple et сomme le tronc d’un cyprès droit.

Exécution

Le beau matin est tout en brume, en brume.

Tout est plus clair quand le soleil se lève

Au delà des forêts bleu foncé et lointaines,

Au delà des marais fumeux et des plaines…

Levez-vous, habitants de Pskov, debout!

La rosée tombe sur la poussière,

Sur le marché, sur les chaumières,

Sur les coupoles d’or, sur la place,

Sur mon échafaud au milieu…

Mouillez le fouet et aiguisez la hache!

Le beau soleil est tout en brume, en brume.

Tout rouge, il ne brille pas et ne chauffe guère

Au-dessus des forêts blanches, visibles à peine,

Au-dessus des marais en rosée, des plaines…

Criez encore plus fort, hérauts, partout!

– Va, mon gars, laisse-moi me laver

Et mettre mes bottes, le cafetan.

Conduis-moi, mets-moi sous la hache.

Fais d’un seul coup mais si non – gare !

Mes dents déchireront tous sans qu’on m’ arrache!

Parmi les étoiles

La nuit tombe. Le double flot, Voie lactée,

Blanchoie là-haut; les étoiles refroidissent

Le sable où, sous ce brouillard éclairé,

Je suis la caravane et où je glisse.

La Voie est transparente, comme en fumée.

Elle disparaît au-delà des montagnes

Du Jourdain; elle descend vers l'est voilé,

Aux autres étoiles, aux pays de cocagne.

Je glisse mais je continue à marcher

Derrière le chameau dont le corps balance,

Grand et noir, le fusil du chamelier.

La selle craque comme dе bois. En somnolence,

Le chamelier branle comme inanimé

Sa tête qui est comme d'étoiles parsemée.

Dans La Horde

Dans la steppe derrière la Volga,

Le large soleil rouge se noie dans les sables.

Avec le bébé endormi dans tes bras,

Tu sors de la tente étouffante, tu regardes

Le sang qui coule sur le miroir lisse des sels

Et le soleil qui, comme sur le plat, se couche;

La joie paisible où la chaleur sèche de la steppe se

mêle,

Te souffle au visage, aux seins brunis en sueur qu’elle

touche.

Le grand camp est tout derrière toi:

Les roues grincent, les chameaux rugissent sans se

taire;

Dans l'obscurité pourpre, monte la poussière,