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— « Me remplacer ? » gronda Margrave. « Je ne suis pas impotent. Je contrôle parfaitement la situation. »

— « Vraiment ? J’ai entendu dire que vous aviez un autre blessé. Que sont devenues vos possibilités défensives ? »

— « C’était un accident, mon général. La jeep…»

— « Nous discuterons de cela plus tard. Je vous ai appelé pour quelque chose de plus important. Les hommes du Code ont fait une découverte à propos de ce cube. Il émet une sorte de message. »

— « Quel genre de message, mon général ? »

— « La moitié est en anglais. Elle ne dure que vingt secondes et se répète. Il s’agit d’un fragment enregistré d’un programme de radio. Un des hommes de la station qui se trouve ici l’a reconnu. Le reste est incompréhensible. Ils continuent leur travail…»

— « Mais…»

— « Bryant me dit qu’il pense qu’il existe un rapport entre les deux parties du message. Je ne l’aurais jamais découvert moi-même. Selon moi, il s’agit de quelque menace. »

— « Je suis d’accord avec vous, mon général. Un ultimatum. »

— « Bon. Gardez vos hommes dans le périmètre de sécurité à partir de maintenant. Plus d’imprudence. »

Straut rageait en reposant le téléphone. Margrave était sur le point de le faire relever après toutes les mesures qu’il avait prises. Il devait agir vite avant que cette occasion de monter en grade lui échappe.

Il regarda le major Greer. « Je vais neutraliser cette chose une fois pour toutes. Il n’y aura plus un seul homme de tué. »

Lieberman s’avança. « Général ! Je dois m’opposer à cette attaque…»

Straut se retourna. « Cela me regarde, professeur. J’ignore qui vous a amené ici, ni pourquoi-mais c’est moi qui prends les décisions. Je vais arrêter ce monstre sanguinaire avant qu’il sorte de son nid et aille peut-être au village de l’autre côté du bois. Il y a là-bas quatre mille civils. Mon devoir est de les protéger. » Il fit un geste et Greer quitta la pièce avec lui. Lieberman les suivit.

— « Cette créature n’a montré aucune agressivité, général Straut. »

— « Et les deux hommes qui ont été tués ? »

— « Vous auriez dû les garder ici…»

— « Oh ! Ainsi c’était ma faute ? » Straut fixa Lieberman avec une colère froide. Ce civil venait mettre son nez par ici et se permettait de l’accuser, lui, le général Straut, d’avoir causé la mort de ses hommes. Si seulement il avait pu l’avoir sous ses ordres pendant cinq minutes…

— « Vous n’êtes pas remis, mon général. Cette chute…»

— « Sortez de mon chemin, professeur, » dit Straut. Il se détourna et descendit les escaliers. Cette histoire pouvait briser sa carrière et voilà que cette Grosse Tête se mêlait de ça…

Accompagné de Greer, Straut se dirigea vers la limite de la zone. « Major, vous allez ouvrir le feu avec vos 50. »

Greer lança un ordre et le bruit de mitrailleuse retentit. L’odeur de la cheddite et la brume bleue de la fumée… Tout cela était bien. Ici, il commandait à nouveau.

Lieberman s’approcha. « Général, je vous en conjure au nom de la science : attendez un peu ! Au moins jusqu’à ce que nous ayons la traduction du message. »

— « Quittez la zone de tir, professeur. » Straut lui tourna le dos et leva ses jumelles pour observer le résultat du tir. Il y eut un souffle d’air formidable et un fracas terrible à l’explosion de l’obus. Straut vit sauter la grande masse grise. Le couvercle s’agita. De la poussière s’éleva mais il n’y eut pas d’autre résultat.

« Continuez le tir, Greer, » aboya Straut. Il éprouvait presque une sensation de triomphe. La chose résistait à l’artillerie. Qui oserait dire maintenant qu’elle ne constituait pas une menace ?

— « Et les mortiers, mon général ? » demanda Greer. « Nous pourrions essayer quelques tirs à l’intérieur. »

— « D’accord. Essayez avant que le couvercle se referme. »

Et ensuite, se dit-il. Que pourrons-nous faire ?

Le mortier tira avec un son mat. Straut observait attentivement. Cinq seconde plus tard, l’objet projeta une volée de débris rose pâle. Le couvercle oscilla et un liquide rosâtre s’écoula de sa surface opalescente. Un second tir, puis un troisième. Un énorme fragment de la patte menaçante pendait maintenant aux branches d’un arbre, à cent mètres du vaisseau.

Straut ordonna : « Cessez le feu ! »

Lieberman fixait le carnage avec horreur.

Le téléphone sonna. Straut décrocha.

« Général Straut, ici ! » Sa voix était assurée. Il avait repoussé la menace.

— « Straut, nous venons de traduire le message, » dit Margrave d’un ton excité. « C’est la chose la plus étrange que…»

Straut aurait voulu l’interrompre, lui annoncer la victoire, mais Margrave poursuivait :

«…étonnant raisonnement, mais il existe une certaine analogie. De toute façon, je suis certain que la traduction est exacte. Voilà ce que dit le message, en anglais…»

Straut écouta. Puis, lentement, il reposa le téléphone.

Lieberman avait les yeux fixés sur lui.

— « Que disait le message ? »

Straut se racla la gorge. Il se retourna et fixa Lieberman pendant un moment avant de répondre :

— « Il disait : S’il vous plaît, prenez bien soin de ma petite fille. »