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Geary inspecta rapidement son hologramme de la flotte et larda une touche de l’index. « Capitaine Tulev. Ordonnez à vos vaisseaux de détruire avec des bombes cinétiques la base du Syndic de la huitième planète. Je ne tiens pas à leur laisser le temps de tirer. »

La réponse de Tulev mit plusieurs secondes à lui parvenir. « Déclenchement immédiat du bombardement des cibles armées. Et le reste de la base ? »

L’heure n’était ni aux scrupules ni aux hésitations. Il s’agissait uniquement d’agir et de réagir avant que l’ennemi ne vous en ôtât la possibilité. « Liquidez-la. Nous ne pouvons nous permettre une telle menace sur l’arrière. »

La base suivante la plus proche semblait se trouver près de la cinquième planète, à plus de trois heures-lumière. « Capitaine Duellos, ordonnez à vos vaisseaux de lancer des bombes cinétiques sur la base militaire du Syndic gravitant autour de la cinquième planète. Qu’elle ait disparu du secteur à notre arrivée.

« Ici Duellos, bien reçu. Lancement dans deux minutes. » Geary refoula un juron en voyant sa formation commencer à rompre, puis il se rendit compte qu’il s’agissait des vaisseaux du détachement Furieux, simulant comme prévu leur charge indisciplinée. Avec un peu de chance, les Syndics tomberaient comme lui dans le panneau. Veuillez, ô mes ancêtres, inciter le capitaine Cresida à battre en retraite dès que la situation l’exigera.

« Flottille de vaisseaux de guerre du Syndic repérée entre orbites des cinquième et sixième planètes, distance 5,8 heures-lumière de la position actuelle de la flotte. Dix cuirassés, six croiseurs de combat, douze croiseurs lourds, dix, rectification, onze avisos. Position actuelle déterminée avec décalage temporel, estimation de la position en temps réel fondée sur données de la trajectoire décalée dans le temps : 5,6 heures-lumière.

— Rien qui ne soit à notre portée, fit observer Desjani avec un sourire mauvais. Et pas assez non plus d’escorteurs légers pour ces précieuses unités.

— Assez, cependant, lui rappela Geary, pour qu’on ne les prenne pas à la légère. Les gros vaisseaux doivent sans doute procéder à leur entraînement avec de nouveaux équipages, ou après avoir passé un bon moment dans les bassins de radoub ; il ne s’agit donc pas d’une formation parée pour le combat, même si les Syndics l’ont probablement affectée aussi à un service de protection. » Son regard se verrouilla sur le portail de l’hypernet. « Rien de ce côté. Aucun vaisseau pour le garder. » Puis des symboles surgirent. « Qu’est-ce que c’est que ça ? »

Desjani étudia les données en fronçant les sourcils. « Des unités furtives de défense postées autour du portail. Manœuvrabilité limitée, boucliers défensifs appréciables et puissance de feu offensive… couci-couça.

— Peuvent-elles tout de même manœuvrer ? »

Elle hocha la tête en signe d’acquiescement.

« Autant dire que nous ne pouvons pas leur expédier des rochers pour les éliminer. Elles les verraient venir et esquiveraient. » Il vérifia la distance. Près de cinq heures-lumière du portail. Même en accélérant au-delà de la vitesse de combat et en ralentissant à l’approche du portail, les vaisseaux ne s’en trouvaient pas moins à trente-six heures de trajet. Une sacrée trotte. Mais le détachement Furieux « charge » une flottille du Syndic qui, encore plus éloignée, ne le verra pas arriver avant près de six heures. Quelle surprise ce sera ! Espérons qu’il réussira à concentrer toute leur attention sur lui.

Mais, si je peux m’en empêcher, je ne tiens à foncer droit sur le portail. Il essaya diverses possibilités sur le système de manœuvre, en projetant des trajectoires vers d’autres cibles du Syndic pour ensuite, à un moment donné de leur course, les faire revenir vers le portail. En faisant décrire aux vaisseaux, à travers tout le système, une parabole vers les installations minières regroupées autour d’une géante gazeuse située à une heure-lumière du soleil, puis en l’incurvant vers l’arrière pour les ramener vers le portail, le trajet durerait grosso modo cinquante-trois heures à la vitesse de combat de 0,1 c. En revanche, l’objectif apparent de la flotte de l’Alliance (la géante gazeuse) ne se transformerait en son objectif réel (le portail) qu’à moins de deux heures-lumière de celui-ci, soit un peu plus de dix-huit heures de trajet. Ce n’était pas l’idéal, mais ça ne laisserait que peu de temps aux Syndics pour réagir, du moins s’ils n’avaient pas déjà posté des forces d’appoint près du portail.

« Ici, dit-il à Desjani. Nous allons suivre ce cap comme si nous comptions éliminer les installations minières de la géante gazeuse puis poursuivre notre route à travers le système en détruisant au passage d’autres objectifs, alors qu’en réalité nous obliquerons vers le portail. »

Elle étudia son plan en hochant la tête. « Nous pourrions néanmoins marmiter un bon nombre de ces installations minières et les détruire en passant au plus près de la géante gazeuse.

— Pourraient-elles nous être utiles ? demanda Geary. Je peux me renseigner avant que nous n’atteignions le point d’approche. J’ai largement le temps d’interroger le capitaine Tyrosian du Sorcière. » Les ingénieurs responsables des auxiliaires de la flotte (Titan, Sorcière, Djinn et Gobelin) sauraient la quantité de matériaux bruts nécessaires à usiner ce dont elle aurait besoin pour continuer. Il reporta le regard sur l’hologramme en se demandant s’il devait dès à présent modifier la formation, puis il vota contre. Il était encore beaucoup trop tôt pour prévoir comment réagirait la flottille du Syndic, et la formation actuelle serait parfaitement adaptée à un balayage des chantiers spatiaux et des autres cibles de ce système.

Il consacra quelques instants à exulter au spectacle des coques de cuirassés et autres croiseurs de combat en construction. Une fois terminés et dotés d’un équipage, ces vaisseaux représenteraient pour l’Alliance une terrible menace, mais, pour l’instant, tandis qu’on achevait leur construction et celle d’autres vaisseaux de guerre du Syndic, ils n’étaient pour la flotte que des cibles faciles qu’elle pourrait aisément détruire. Certes, les Syndics chercheraient peut-être à parachever la construction de ceux qui étaient déjà pratiquement terminés afin d’autoriser leur fuite. En sus de ces coques rassemblées au même endroit, on avait repéré les composants d’autres cuirassés et croiseurs de combat. Qui, tous, pourraient être anéantis facilement, en même temps que les chantiers chargés de leur assemblage.

« C’est tellement bizarre », fit soudain remarquer la coprésidente Rione. Absorbée comme elle l’était dans le spectacle des événements, sa voix avait beaucoup perdu de sa froideur. « Nous allons porter la guerre dans ce système et déjà nous choisissons nos cibles. Pourtant, aucune ou presque de ces installations des Mondes syndiqués, aucun de leurs vaisseaux ni de leurs sujets n’est encore averti de notre arrivée.

— Ça ne tardera pas, répondit le capitaine Desjani avec un sourire maussade. Dès que la lumière de notre irruption leur parviendra, beaucoup de ces Syndics se mettront à implorer leurs ancêtres. »