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— Eh bien donc, j’y mourrai de vieillesse et d’amour pour toi, ô lumière de ma vie ! Je ne puis agir sans t’avoir tenue dans mes bras.

Je ne puis surtout pas agir avant la nuit, mais à quoi bon le lui préciser ? Et la meilleure façon de tromper l’attente c’est encore de s’abîmer dans les batifolages, non ? Les hommes qui mettent tout en œuvre pour leur confort physique autant qu’intellectuel n’ont jamais pallié cette carence. Ils subissent encore d’immenses zones de poireautage, dans les gares, chez le dentiste, dans les ministères… Pourquoi ils créeraient pas des offices de relaxation’ ? Je vous prends en avion, par exemple. On y donne bien des albums à colorier aux mouflets pour leur faire prendre patience et on sert à boire à leurs vieux. Mais c’est pas suffisant. Je serais dirlo d’Air France, comment je prendrais l’initiative. La cabine Voluptas, mes gueux. Avec une hôtesse spécialisée pour t’éponger l’intime, te combler de délicatesses. A trente-mille pieds, prendre le sien, ça doit pas être négligeable, non ? Plus près de toi, mon Dieu ! Le septième ciel en plein ciel ! Et puis un stivouard d’élite pour les dames esseulées. Un beau brun, nordaf à chibre incassable, toujours disponible. Braguette à cellule photo-électrique. Rien que de passer la main devant, elle s’ouvre. Dans ces conditions, mes frères, on fait Paris-O Calcutta sans absolument s’en rendre compte. Qu’au moment de verrouiller les ceintures, tout le monde exclamerait « Hein quoi déjà ? C’est pas vrai ! On survole seulement Aubervilliers ! Y a gourance ! s’agit d’un poisson d’avril ! » Pour le coup, Air France balaie ses déficits. Enrichit sa flotte. Conçoit le jet, tout confort, adapté zézette, avec siège éjectable, levier d’éjaculance, capuchon-à-pipe orientale, sodomiseur d’altitude, gougnoteur de protection. Le triomphe des transports aériens en commun ! « Le commandant Beauchibre et sa fine équipe vous souhaitent la bienvenue à bord du Boeinge… (là on rebaptiserait en circonstance. Au lieu d’appeler pompeusement les zavions « Château-de-Chambord », on y filerait des noms plus rieurs : Saint-Amour, Bouffémont, Jouy-en-Josas).

Et ça continuerait commako, dans le déconophone :

« Dès que nous aurons atteint notre vitesse de croisade, une partouse apéritive sera organisée à bord. En attendant, vous êtes priés de consulter les consignes amoureuses qui se trouvent dans une pochette placée face à votre siège… »

Moi, que voulez-vous, j’ai le tempérament d’un réformateur. Seulement je suis trop en avance sur mon époque, comme tous les grands prophètes. Je passe pour un louftingue. Enfin, vos chiares verront que j’avais raison.

— Mais… qu’est-ce que vous me faites ?

Le nombre de fois qu’on me l’a chantée, celle-là ! En différentes langues, et sur des airs jamais les mêmes. Faut de la santé pour exclamer de la sorte, non ? Le côté stupéfié : « Mais je voyais pas où que vous vouliez en venir ! Je me disais aussi : pourquoi qu’il t’ôte ton slip puisqu’on va seulement bavarder de la foirade du dollar ? »

— Mais qu’est-ce que vous me faites ?

C’est pas correct ! Presque impoli ! Plein de traîtrise et d’audace ! Quelle mouche vous pique ? En voilà d’étranges initiatives ! Dans quel but ? Vous n’avez tout de même pas l’intention de faire l’amour avec moi ! En tout cas, vous n’allez pas commencer par ÇA ? Si ? Bien vrai ? Oh, non, vous avez bien réfléchi ? Vous êtes sûr de vous ? Pas d’arrière-pensée ? Et vous croyez que ça sera bien ? Que ça sera bon ? Délectable ? C’est Dieu vrai que ça ne mange pas de pain ! Qu’on en reprendrait ! Non, soit, continuez, on va voir ! C’est inouï, le progrès ! Ne vous arrêtez pas ! Allez, allez ! Allons, allons ! Allons z’enfants de la patri-i-e, le jour de gloire est t’arrivé !

Je résume !

C’est dur pour un lyrique de ma trempe, mais faut !

— Qu’est-ce que vous me faites ? répète-t-elle sur un ton changé.

Je lui réponds pas.

Impossible.

Mon matériel à mensonges est mobilisé pour d’autres tâches. Je ne voudrais pas me laisser hâler à des concis des rations (con sidéra Sion) affligeantes, mais il est une chose que je tiens à souligner trois fois et à l’encre rouge : l’Espagnol ne pratique pas l’amour pas voie buccale. Parlez de « ça » à un pote d’outre-Pyrénées (comme on dit dans l’Equipe en période de Tour de France) et vous le verrez cracher de dégoût. Rien que l’idée de grignoter une frangine lui met l’estomac en portefeuille. Il préférerait tourner scatophage ! Nécrophage ! Se mettre n’importe quoi sous la chaille plutôt que la cressonnière à Madame la Señora : du rat crevé, de la cuisine anglaise, du crapaud malade. N’importe quoi, bissé-je (car j’ai une forte envie de bisser) mais pas cette chose pourtant sublime et infiniment délectable.

Les Espagnoles naissent, croissent et meurent sans connaître cette apothéotique volupté. Excepté celles qui vivent en France ou les rarissimes qui, dès leur jeune âge, se sont consacrées au sacré c… !

Voilà pourquoi, mesdames, mesdemoiselles, messieurs, la ravissante (quoique frisottée) Contracepcion est sincèrement étonnée lorsqu’elle s’exclame, prise de court (mais elle le sera de plus long… postérieurement) : « Mais qu’est-ce que vous me faites ? » Elle ignorait ! N’avait jamais vu, ni lu, ni entendu causer. Ne concevait pas ! N’envisageait pas ! Les Canaries, vous parlez ! Si lointainement dosées. Comment la rumeur serait-elle parvenue jusqu’à elle, soufflée par quel démon ? Elle est incrédule ! Suffoquée (et pourtant c’est pas elle qu’a la bouche pleine). Elle bée (c’est tout ce que je lui demande). Elle brame (c’est pas négligeable). Elle veut comprendre (je lui en cause à bout portant). Elle aimerait des explications (je lui démontre). Elle craint de perdre ses parts inaliénables sur le bonheur éternel (je lui en refile une tranche sur le temporel). Elle remue (peu, Dieu merci). Elle n’en revient pas et elle part (dans l’ordre, ce qui paraît contradictoire). Je la monte vers les grandes découvertes. Je la lance. La menteuse est reine ! Triomphatrice ! Elle prépare les « tout-de-suite-après » qui enchantent ! Elle monologue ! O Tyrol sublime !

Ce panard, mon général !

Cette surprise-party-surprise !

Je lui embouche un coin.

Lui en bouche deux, illico after. Système breveté, indexé ! Lire la notice explicative avant de déboucher le flacon. Ne pas laisser à la portée des enfants ! Merci !

La grande cure en une seule séance ! La dose géante ! Pas avec une paille ! Avec une poutre !

Après une tornade pareille, le juge peut aller se déshabiller tout seul ! Prendre du sirop d’hormones dans son huile de foie de morue ! Il est à tout jamais déchu de sa droite civique. C’est devenu la breloque fantôme. Pasoparatabaco-Patte-mouille ! Le Singe d’une nuit d’été ! Dom Qui Chiasse faisant la manche ! Déjà qu’il n’était pas en odeur de seins tétés pour sa belle.

Alors vous pensez : maintenant que San-Antonio est passé par là !

Une barbe de trois jours, c’est dur à effacer. Surtout avec un rasoir à manche pour qui ne s’est jamais servi que d’un « Braun à pilotage automatique ». Je suis là, hébété devant le plat à barbe de Pasoparatabaco, lequel est assez écœurant, je dois dire, avec son bord de caoutchouc rouge-gencives-scorbutiques et son blaireau triste comme un toupet de cul centenaire, lorsque Contracepcion me tire d’embarras.

— Veux-tu que je te rase, beau chéri ?

Elle m’appelle « beau chéri » depuis ce que vous savez.

— Toi ?

— Papa est coiffeur, alors je sais…

C’est pas la première fois qu’une femme me rase.

Mais de cette manière, si !