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Простите, любезный Гагарин. Сегодня у меня достаточно вдохновения, чтобы написать вам тома, но необходимость в образе хорошо известного вам Морица* вынуждает меня прервать мои излияния… И я с полным основанием могу сказать про него то, что, кажется, Демосфен говорил про того грека, имя коего я позабыл: это топор, пресекающий мои слова*. Простите, напишу вам в другой раз.

Весь ваш

Ф. Тютчев

Тютчевым И. Н., Е. Л. и др., 31 декабря 1836/12 января 1837*

32. И. Н., Е. Л. ТЮТЧЕВЫМ и Д. И. СУШКОВОЙ 31 декабря 1836/12 января 1837 г. Мюнхен

Munich. Ce 31 décembre 1836/12 janvier <18>37

Cette lettre, chers papa et maman, vous sera portée par le g<énér>al Boudberg, envoyé ici par l’Empereur en mission spéciale* et qui repart aujourd’hui. Il nous est arrivé ici dans un mauvais moment et ne remportera que de tristes impressions de Munich. La maladie qui nous afflige depuis trois mois* a — il est vrai — considérablement baissée, mais par je ne sais quelle bizarrerie ses derniers choix sont touchés presque tous sur des personnes de la société. Il est certain que pour la plupart c’étaient des personnes âgées ou infirmes, mais pas moins des cas de mort aussi rapprochés et aussi soudains ne pouvaient manquer de produire une sensation pénible et ont étendu le deuil à la société toute entière. A cela est venu se joindre un deuil de cour*, si bien que nous avons du noir jusque par-dessus les oreilles. C’est au milieu de tout ce noir que nous avons commencé la nouvelle année catholique et que nous achevons la nôtre. C’est le cas plus que jamais de faire des vœux pour celle qui vient et je vous adresse les miens, du fond du coeur. Ma santé pas plus que celle de Nelly et des enfants* ne s’est autrement ressentie de la disposition générale, et le moral s’est maintenu tout aussi intact. En dépit de ses démonstrations multipliées, le choléra n’a pas réussi à faire la moindre impression sur nous. Voilà six ans que j’en ai les oreilles rabattues, et sa présence à Munich n’est pas parvenu à le rafraîchir à mes yeux. Mais je suis plus sensible à ses effets indirects. Munich qui n’est jamais rien divertissant est maintenant d’une tristesse et d’un ennui dont il serait difficile de se faire une idée. C’est comme un homme naturellement insipide et maussade qui aurait la migraine. On s’attendait à quelque fête pour l’arrivée du Roi Othon et de sa jeune femme. Mais le choléra les a empêchés de venir à Munich. Ils sont allés prendre congé de leurs parents au château de Tegernsee* à 18 lieues d’ici.

Vous savez mon histoire. J’avais demandé un congé pour aller passer cet hiver avec vous. Mais quand ce congé est arrivé, le Prince Gagarine m’a demandé avec instance de différer jusqu’au printemps pour en faire usage. Et certes, il m’eût été difficile de le laisser seul dans l’état où il est. Depuis trois mois il dépérit à vue d’œil. Il n’a pas bougé de sa chambre depuis l’entrée de l’hiver, et maintenant c’est à peine s’il quitte son lit. C’est un homme qui s’en va à grands pas. Je doute fort qu’il puisse traîner jusqu’au printemps. Sa femme qui est revenue ces jours-ci de Paris a été effrayée de l’état dans lequel elle l’a trouvé. Pauvre cher homme. Il me fait une peine réelle. Il meurt cassé, blasé et endetté. C’est expier durement quelque bon moment de sa vie. Vous comprenez que dans ces circonstances toute la besogne roule plus que jamais sur moi seul et si je pouvais encore prendre quelqu’intérêt aux affaires, je me félicitais assurément de la complaisance que j’ai eu de rester.

Voilà depuis six semaines le second courrier que nous expédions au Ministère et quelque nulle que puisse être la valeur de l’expédition, encore fallait-il quelqu’un pour s’en occuper. Ma destinée à cette mission est assez étrange. Il m’était réservé de survivre ici à tout le monde et de ne recueillir la succession de personne. Mais qu’importe? Je m’estimerais heureux, si c’était là mon plus gros souci… Je viens d’écrire à Krüdener*. Il connaît ma position à fond, et dans ces derniers temps il en a donné des preuves réelles de son amitié et de son zèle à me servir. Il est possible que dans l’occasion il fasse valoir mon droit auprès du Mr le Vice-Chancelier. Mais après tout que pourrait-il lui apprendre? Mr le Vice-Chancelier m’écrit des lettres charmantes et s’est plus d’une fois exprimé sur mon compte de la manière la plus aimable. Si donc il ne fait rien pour moi, il faut que cela vienne à d’autres raisons. Il s’imagine peut-être qu’une affection aussi sincère que celle qu’il me porte, n’a pas besoin de témoignages extérieurs*.

J’ai eu ces jours-ci une lettre de Nicolas*. Oui, une lettre autographe — une lettre de 4 pages. C’était la première depuis 8 mois. Vous pensez si elle m’a fait plaisir. Sa bonne vieille amitié s’y est retrouvée toute entière, cette bonne vieille affection qui sera la même dans mille ans — qui parle peu, il est vrai, mais qui n’en pense pas moins. Je lui pardonne bien volontiers des torts que je partage et dont j’ai fini par prendre mon parti, comme de mes hémorroïdes quelque gênant qu’ils puissent.

Vos dernières lettres, chère maman et chère Dorothée, m’ont fait aussi bien grand plaisir. J’en attends une de papa pour l’en remercier. Ce que vous me dites, ma chère Dorothée, du bonheur de votre intérieur, me rend votre mari* bien cher et ajoute beaucoup à l’impatience que j’éprouve de le lui dire. En attendant dites-le-lui de ma part.

Maintenant il vous reste encore une bonne nouvelle à m’annoncer, et celle-là, je l’espère, ne se fera pas attendre.

Voyez-vous quelquefois Madame de Krüdener? J’ai quelques raisons de supposer qu’elle n’est pas aussi heureuse dans sa brillante position que je l’eusse désiré. Pauvre chère et excellente femme. Elle ne sera jamais aussi heureuse qu’elle le mérite. Demandez-lui quand vous la verrez, si elle se doute encore que je suis au monde. Munich est bien changé depuis son départ. Et J<ean> Gagarine que fait-il? Ce qu’il ne fait pas, je le sais. C’est d’écrire à ses amis.

Voilà une courte lettre, mais je vous en écrirai bientôt une autre qui vaudra en deux. En attendant, chers papa, maman et Dorothée, je vous baise les mains.

T. Tutchef

Перевод

Мюнхен. 31 декабря 1836/12 января 1837

Это письмо, любезнейшие папинька и маминька, будет доставлено вам генералом Будбергом, который прислан сюда государем со специальным поручением* и отправляется сегодня обратно. Он прибыл к нам в неудачное время и увезет с собой лишь грустные впечатления о Мюнхене. Болезнь, досаждающая нам вот уже три месяца*, правда, в значительной мере утратила силу, но по какой-то непонятной причуде последними ее избранниками оказались большей частью люди из общества. Конечно, в большинстве это были пожилые или немощные люди, все же смертные случаи, столь частые и столь внезапные, не могли не вызывать тягостного ощущения, и траур охватил все общество. К этому присоединился и придворный траур*, так что мы по уши в черном. Вот в какой мрачной обстановке вступили мы в католический новый год и завершаем наш. Поистине сейчас, как никогда, уместно выразить добрые пожелания на наступающий год, и я от всего сердца шлю вам свои.

На моем здоровье, равно как на здоровье Нелли и детей*, окружающая обстановка никак не отразилась, не убавила она и бодрости нашего духа. Холера, несмотря на частые случаи заболевания, не произвела на нас ни малейшего впечатления. За последние шесть лет разговоры о ней прожужжали мне уши, и ее присутствие в Мюнхене не прибавило ей в моих глазах ничего нового. Я более чувствителен к ее косвенным последствиям. В Мюнхене, где никогда не было слишком много развлечений, теперь так уныло и так скучно, что трудно себе представить. Как если бы человек, и так-то тупой и угрюмый, да еще стал бы страдать мигренью. Ожидали, что будут какие-либо празднества по случаю приезда короля Оттона и его молодой жены, но холера помешала им прибыть в Мюнхен. Они поехали проститься со своими родителями в замок Тегернзее* в восемнадцати милях отсюда.