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– Arrête, Tomas, ne gâche pas tout. Que veux-tu que je te dise ? J’ai scruté le ciel pendant des jours et des nuits, certain que tu me regardais de là haut… Alors non, je ne me suis pas posé cette question avant de prendre l'avion.

– Qu'est-ce que tu proposes, que nous restions amis ? Que je t'appelle quand je passerai à New York ? Nous irons boire un verre en nous remémorant nos bons souvenirs, liés par la complicité qui nous est interdite ? Tu me montreras des photos de tes enfants, qui ne seront pas les nôtres. Je te dirai qu’ils te ressemblent, essayant de ne pas deviner dans leurs traits de leur père. Pendant que je serai dans la salle de bains, tu décrocheras le téléphone pour appeler ton futur mari et je ferai couler l'eau pour ne pas t'entendre lui dire bonjour, chéri ? Te sait-il seulement à Berlin ?

– Arrête ! Hurla Julia.

– Je lui diras-tu en rentrant ? demanda Tomas en retournant à la fenêtre.

– Je n'en sais rien.

– Tu vois, c'est moi qui avais raison, tu n'as pas changé.

– Si Tomas, bien sûr que j’aie changé, mais il aura suffi d'un signe du destin, qui me conduise ici pour que je réalise que mes sentiments eux n'ont pas changés...

En bas, dans la rue, Anthony Walsh faisait les cent pas en consultant sa montre. Trois fois déjà qu'il levait la tête vers la fenêtre de la chambre de sa fille, et même depuis le sixième étage, l'impatience pouvait se lire sur ses traits.

– Rappelle-moi quand est-ce que ton père est mort ?

Demanda Tomas en laissant retomber le voilage sur la vitre.

– Je te l'ai déjà dit, je l'ai enterré samedi dernier.

– Alors ne dit plus rien. Tu as raison, ne gâchons pas le souvenir de cette nuit ; on ne peut pas aimer quelqu'un et lui mentir, pas toi, pas nous.

– Je ne te mens pas...

– Ce sac sur le fauteuil, prends-le, rentre chez toi, murmura Tomas.

Il enfila son pantalon, sa chemise, sa veste et ne prit pas le temps de nouer les lacets de ses chaussures. Il s'approcha de Julia, lui tendit la main et l'attira au creux de ses bras.

– Je prends l'avion pour Mogadiscio ce soir, je sais déjà que là-bas je penserai sans cesse à toi. Ne t’'inquiète pas, n’aie aucun regret, j'ai espéré vivre ce moment tant de fois que je ne peux plus les compter, et c'est le moment était magnifique mon amour. De pouvoir t'appeler ainsi encore une fois, rien qu'une seule, était un vrai que je n'osais plus faire. Tu as été et sera toujours la plus belle femme de ma vie, celle qui m'a donné les plus beaux souvenirs, c'est déjà beaucoup. Je ne te demande qu'une chose, jure-moi d'être heureuse.

Tomas embrassa tendrement Julia et partiT sans se retourner.

En sortant de l'hôtel, il s'approcha d'Anthony qui attendait toujours devant la voiture.

– Votre fille ne devrait plus tarder, dit-il avant de le saluer.

Il s'éloigna dans la rue.

21.

De tous le voyages qui les ramenait de Berlin à New York, Julia et son père n'échangèrent pas un mot ; sauf une phrase qu’Anthony prononça plusieurs fois « je crois que j'ai encore fait une connerie » et ce, sans que sa fille n'en comprenne pleinement le sens. Ils arrivèrent en milieu d'après-midi, Manhattan était sous la pluie.

– Écoute, Julia, je vais dire quelque chose à la fin !

Protesta Anthony en entrant dans l'appartement d’Horatio Street.

– Non ! Répondit Julia en posant son bagage.

– Tu l’as revue hier soir ?

– Non !

– Dis-moi ce qui s'est passé, je peux peut-être te conseiller.

– Toi ? Ce serait bien le monde à l'envers.

– Ne soit pas têtue, tu n'as plus cinq ans et je n’ai plus que vingt-quatre heures.

– Je n'ai pas revu Tomas et je vais prendre une douche. Point final !

Anthony s'interposa devant la porte, lui barrant le passage.

– Et après, tu comptes rester dans cette salle de bains les vingt prochaines années ?

– Pousse-toi !

– Pas tant que tu n’auras pas répondu.

– Tu veux savoir ce que je vais faire maintenant ? Je vais essayer de rassembler les morceaux de ma vie que tu as savamment éparpillés en une semaine. Je n’aurai probablement pas le loisir de tous les recoller puisqu’il en manquera toujours, et ne fait pas cette tête comme si tu ne comprenais pas, tu n’as pas cessé pendant tout le vol de t’en faire le reproche.

– Je ne parlais pas de notre voyage…

– Alors de quoi ?

Anthony ne répondit pas.

– C’est bien ce que je pensais ! dit Julia. En attendant, je vais enfiler des jarretières, mettre un soutient gorge à balconnet, le plus sexy que je possède, j’appellerai Tomas et j’irai me faire sauter. Et si j’arrive encore à lui mentir comme j’ai appris à le faire depuis que je suis avec toi, peut-être acceptera-t-il que nous reparlions du mariage.

– Tu as dit Tomas !

– Quoi ?

– C'est avec Adam que tu devais te marier, tu viens encore de faire un lapsus.

– Écarte-toi de cette porte ou je te tue !

– Tu perdrais ton temps, je suis déjà mort. Et si tu crois que tu vas réussir à me choquer en me racontant ta vie sexuelle, tu es loin du compte, ma chérie !

– Dès que j'arriverais chez Adam, reprit Julia en toi-sant son père, je le colle au mur, je le déshabille...

– Ça suffit ! Hurla Anthony. Je n'ai pas besoin non plus d'en connaître tous les détails, ajouta-t-il en recouvrant son calme.

– Tu me laisses aller me doucher, maintenant ?

Anthony leva les yeux au ciel et lui céda le passage.

L'oreille collée à la porte et il entendit Julia téléphoner.

Non, il ne fallait surtout pas déranger Adam s’il était en réunion, simplement de prévenir qu'elle venait de rentrer à New York. S'il était libre ce soir, il pouvait passer la prendre à vingt heures, elle l’attendrait en bas de chez elle. En cas d'empêchement, elle serait toujours joignable.

Anthony regagna le salon sur la pointe des pieds et s’installa sur le canapé il prit la télécommande pour allumer la télévision et se ravisa aussitôt, ce n'était pas la bonne. Il observa le fameux boîtier blanc et sourit en le replaçant juste à côté de lui.

Un quart d'heure plus tard, Julia réapparut, un imperméable sur les épaules.

– Tu vas quelque part ?

– Travailler.

– Un samedi ? Par ce temps ?

– Il y a toujours du monde au bureau le week-end, j'ai des mails et du courrier en retard.

Elle s'apprêtait à sortir quand Anthony la rappela.

– Julia ?

– Qu'est-ce qu’il y a encore ?

– Avant que tu ne fasses une vraie connerie, je veux que tu saches que Tomas t’aime toujours.

– Et comment le sais-tu ?

– Nous nous sommes croisés ce matin, il m'a d'ailleurs très gentiment salué en sortant de l'hôtel ! J'imagine qu'il m'avait vu dans la rue depuis la fenêtre de ta chambre.

Julia fustigea son père du regard.

– Va-t-en, quand je reviendrai je veux que tu sois parti d'ici !

– Pour aller où, là-haut dans ce grenier infâme ?

– Non, chez toi ! dit Julia, et elle claqua la porte derrière elle.

*

Anthony attrapa le parapluie accroché à la patère près de l'entrée et sortie sur le balcon qui surplombait la rue. Penché à la balustrade, il regarda Julia s'éloigner vers le carrefour dès qu’elle eut disparut, il se rendit dans la chambre de sa fille. Le téléphone était posé sur la table de nuit. Il souleva le combiné et appuya sur la touche de rappel automatique.