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Adam avança vers le salon. Anthony lui fit signe d'ôter son trench-coat qui ruisselait.

– Excusez-moi d'insister, dit-il en approchant son imperméable au porte-manteau, vous comprendrez ma surprise, mais mon mariage a été annulé à cause de vos obsèques...

– C'était aussi un peu celui de ma fille, non ?

– Elle n'a quand même pas inventé toute cette histoire juste pour...

– Vous quitter ? Ne vous donnez pas autant d'importance. Nous avons un sens de l'inventivité très poussé dans la famille, mais c'est mal la connaître que d'imaginer qu'elle puisse faire une chose aussi saugrenue. Il doit y avoir d'autres explications, et, si vous vous taisez pendant deux secondes, je pourrais peut-être vous en proposez une ou deux.

– Où est Julia ?

– Cela fait bientôt vingt ans hélas que ma fille a perdu l'habitude de me tenir informé de son emploi du temps. Pour tout vous dire, je la croyais avec vous. Nous sommes rentrés à New York depuis trois bonnes heures.

– Vous étiez en voyage avec elle ?

– Bien sûr, elle ne vous en a pas parlé ?

– je pense qu'elle aurait eu un peu de mal étant donnée que j'étais à l'arrivée de l'avion qui ramenait de votre diplôme d'Europe et avec elle dans le corbillard qui nous a conduits jusqu'au cimetière.

– De plus en plus charmant ! Et puis quoi d'autre encore ? Vous avez appuyé vous-même sur le bouton de l'incinérateur pendant que vous y êtes !

– Non, mais, j'ai jeté une poignée de terre sur votre cercueil !

– Merci de la délicate attention.

– Je crois que je ne me sens pas très bien, confia Adam dont le teint virait au vert.

–Alors asseyez-vous, au lieu de rester debout comme un imbécile.

Il indiqua le canapé à Adam

– Oui, là, vous reconnaissez encore un endroit où poser votre postérieur ou vous avez perdu tous vos neu-rones en me voyant ?

Adam obéit. Il se laissa tomber sur le coussin et ce faisant, s’assis malencontreusement sur le bouton de la télécommande.

Anthony se tut instantanément, ses yeux se fermèrent et il s'écroula de tout son long sur le tapis devant Adam, pétrifié.

*

– Tu ne m'as pas ramené une photo de lui, j'imagine ? demanda Stanley. J'aurais tellement voulu voir à quoi il ressemble. Je dis n'importe quoi mais je déteste quand tu es silencieuse comme cela.

– Pourquoi ?

– Parce que je n'arrive plus à compter le nombre de pensées qui te passent par la tête.

Leur conversation fut interrompue par Gloria Gaynor qui chantonnait je survivrai dans le sac de Julia.

Elle attrapa son portable et montra à Stanley le cadran où s'affichait le nom d'Adam. Stanley haussa les épaules et elle prit l’appel. Elle entendit la voix terrorisée de son fiancé.

– Nous avons pas mal de choses à nous dire toi et moi, enfin surtout toi, mais cela devra attendre, ton père vient de faire un malaise.

– En d'autres circonstances j'aurais pu trouver ça drôle, là c’est plutôt de mauvais goût.

– Je suis dans ton appartement, Julia...

– Qu'est-ce que tu fais chez moi, nous n'avions rendez-vous que dans une heure, dit-elle tétanisée ?

– Ton assistant a appelé pour me dire que tu voulais que nous nous retrouvions plutôt.

– Mon assistant ? Quel assistant ?

– Qu'est-ce que ça peut bien faire ? Je suis en train de te dire que ton père est allongé par terre, inerte au milieu de ton salon ; rejoint-moi au plus tôt, je préviens les secours !

Stanley sursauta quand son amie hurla.

– Surtout pas ! J'arrive immédiatement !

– Tu as perdu la raison ? Julia, j'ai eu beau le secouer, il ne réagit plus ; j'appelle tout de suite le 911 !

– Tu n’appelles personne tu m’entends réponds, je serai là dans cinq minutes, répondit Julia en se levant.

– Ou es-tu ?

– En face de la maison, chez Pastis ; je traverse la rue et je monte ; en attendant ne fais rien, ne touche rien et surtout pas lui !

Stanley qui ne comprenait pas tout ce qui se passait chuchota à son amie qu'il s'occuperait de l'addition. Alors qu'elle traversait la salle en courant il lui cria de l'appeler dès que l'incendie serait éteint !

*

Elle grimpa les marches quatre à quatre et, en entrant, vit le corps immobile de son père étendu au beau milieu du salon.

– Où est la télécommande ? dit-elle en faisant une entrée fracassante.

– Quoi ? demanda Adam totalement décontenancé.

– Un boîtier avec des boutons dessus, un seul en l'occurrence, une télécommande, tu sais encore ce que c'est ? répondit-elle en balayant la pièce du regard.

– Ton père est inanimé et tu veux regarder la télévision ? J'appelle les secours pour qu'ils envoient deux ambulances.

– Tu as touché à quelque chose ? Comment est-ce arrivé ? questionna Julia en ouvrant les tiroirs les uns après les autres.

– Je n’ai rien fait de particulier, à part discuter avec ton père que nous avons enterré la semaine dernière, ce qui finalement est quand même assez particulier.

– Plus tard, Adam, tu feras de l’humour tout à l’heure, pour l’instant il y a urgence.

– Je n’essayais pas du tout d’être drôle. Tu comptes m’expliquer ce qui se passe ici ? Ou alors dis-moi au moins que je vais me réveiller et que je vais rire tout seul du cauchemar que je suis en train de faire…

– Au début je me suis dit la même chose ! Où est-elle à la fin ?

– Mais de quoi parles-tu ?

– De la télécommande de papa.

– Cette fois j’appelle ! Jura Adam en se dirigeant vers le téléphone de la cuisine.

Bras en croix, Julia lui barra le chemin.

– Tu ne fais pas un pas de plus, et tu m’expliques exactement comment c’est arrivé.

– Je te l’ai déjà dit, fulmina Adam, ton père m’a ouvert la porte, tu me pardonneras mon étonnement en le voyant, il m’a fait entrer chez toi, en me promettant de m’expliquer la raison de sa présence ici. Il m’a ensuite ordonné d’aller m’asseoir et alors que je prenais place sur le canapé il s’est écroulé au milieu d’une phrase.

– Le canapé ! Pousse-toi ! cria Julia en bousculant Adam.

Elle souleva frénétiquement les coussins les uns après les autres et soupira de soulagement en trouvant enfin l’objet convoité.

– C’est bien ce que je disais, tu es devenue complètement dingue, maugréa Adam en se relevant.

– Je vous en prie, faites que ça marche, supplia Julia en empoignant le boîtier blanc.

– Julia ! vociféra Adam. Tu vas enfin m’expliquer à quoi tu joues ? Bon sang !

– Tais-toi, reprit-elle au bord des larmes, je vais nous épargner bien des mots inutiles, tu vas comprendre dans deux minutes. Et pourvu que tu comprennes, pourvu que ça fonctionne…

Elle implora le ciel d’un regard vers la fenêtre, ferma les yeux et appuya sur le bouton du boîtier blanc.

– Vous voyez, mon petit Adam, les choses ne sont pas toujours ce qu’elles ont l’air d’être…, dit Anthony en rouvrant les yeux et il s’interrompit en découvrant Julia au milieu du salon.

Il toussota et se releva alors qu’Adam s’abandonnait mollement dans le fauteuil qui lui tendait les bras.

– Mince alors, reprit Anthony, Quelle heure est-il ?

Déjà huit heures ? Je n’ai pas vu le temps passé, ajouta-t-il en s’époussetant les manches.

Julia lui lança un regard incendiaire.

– je vais vous laisser, c'est préférable, poursuivit-il très embarrassé. Vous avez certainement plein de choses à vous raconter. Écoutez bien ce que Julia a à vous dire, mon cher Adam, soyez très attentifs et ne l'interrompez pas. Au début, cela vous paraîtra un peu difficile à admet-tre, mais, avec une certaine concentration, vous verrez, tous s’éclaircira. Voilà, le temps de trouver mon pardes-sus et je suis parti...