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Du haut de leurs tours il précipite les vivants dans la ruine, et toute force est vaine contre les daimones. Assise au faîte des demeures sacrées, la pensée divine accomplit toute sa volonté.

Antistrophe V.

Puisse-t-elle regarder l'insolence des hommes et cette race d'Aigyptos, furieuse et toujours harcelée, à cause de mes noces, par l'inévitable aiguillon du désir et qui maintenant sait enfin sa défaite!

Strophe VI.

Telles sont mes calamités lamentables, mes larmes amères et cruelles. Hélas! hélas! vivante, je me pleure en paroles lugubres. Je t'implore, ô terre d'Apis! Comprends, hélas! ma voix étrangère. Voici que je déchire et que je lacère les vêtements de lin et les voiles Sidoniens.

Antistrophe VI.

Ils vouent des offrandes aux dieux, ceux qui, sauvés par une heureuse destinée, n'ont plus l'épouvante de la mort. Hélas! hélas! hélas! il est difficile de pénétrer ce qui nous est réservé. Où cette tempête m'entraînera-t-elle? Je t'implore, ô terre d'Apis! Comprends, hélas! ma voix étrangère. Voici que je déchire et que je lacère les vêtements de lin et les voiles Sidoniens.

Strophe VII.

Certes, l'aviron et cette demeure aux voiles de lin qui abritait ma faiblesse contre la mer m'ont conduite ici, à l'aide des vents, sans avoir subi de tempête. En ceci je n'accuse personne. Mais que le père Zeus, qui voit tout, donne à cette destinée une fin heureuse, et que, noble race d'une mère vénérable, nous puissions, hélas! vierges et libres, échapper au lit de ces hommes!

Antistrophe VII.

Que la chaste fille de Zeus me regarde d'un œil pur et tranquille, moi qui la supplie! Vierge, qu'elle défende des vierges contre la persécution et la violence, et que, noble race d'une mère vénérable, nous puissions, hélas! vierges et libres, échapper au lit de ces hommes!

Strophe VIII.

Mais si nous sommes méprisées des dieux Olympiens, nous irons, tuées par la corde, avec des rameaux suppliants, vers la sombre race souterraine frappée par Zeus, vers le Zeus des morts, qui est hospitalier pour tous. Ah! Zeus! La colère qui harcelait Iô se ruait des dieux. Elle vient aussi de ton épouse, cette calamité Ouranienne, car la tempête, avec violence, s'est jetée sur nous!

Antistrophe VIII.

Certes, Zeus entendrait d'amers reproches, si, méprisant le fils de la vache, celui qu'il engendra lui-même autrefois, il détournait sa face de nos prières. Mais, invoqué par nous, qu'il nous entende des hauteurs! Ah! Zeus! la colère qui harcelait Iô se ruait des dieux. Elle vient aussi de ton épouse, cette calamité Ouranienne, car la tempête, avec violence, s'est jetée sur nous.

DANAOS.

Enfants, il vous faut être prudentes. Vous êtes venues à travers les flots, conduites sagement par votre vieux père. Maintenant que vous êtes à terre, agissez avec prévoyance et gardez mes paroles dans votre esprit.

Je vois une poussière, messagère muette d'une multitude. Les moyeux des roues crient en tournant autour des essieux. Je vois une foule armée de boucliers et agitant des lances, et des chevaux et des chars arrondis. Sans doute les princes de cette terre viennent à nous, avertis de notre arrivée par des messagers; mais, qu'ils soient bienveillants ou animés d'un esprit farouche, il convient, à tout événement, ô jeunes filles, de nous retirer sur cette hauteur consacrée aux dieux qui président les jeux. Un autel est plus sûr qu'une tour, et c'est un plus ferme bouclier. Allez en toute hâte, tenant pieusement dans vos mains suppliantes les bandelettes de laine blanche, ornements de Zeus qui protège les suppliants. Répondez à vos hôtes en paroles respectueuses et tristes, comme la nécessité le demande et comme il convient à des étrangères. Expliquez-leur clairement que votre exil n'est pas taché de sang. Avant tout, que vos paroles ne soient point arrogantes, que votre front soit modeste et votre regard tranquille. N'usez point de longs discours, car ici cela est odieux. Souvenez-vous qu'il faut céder, car vous êtes étrangères et chassées par l'exil. Il ne convient pas aux humbles de parler arrogamment.

LE CHŒUR DES DANAÏDES.

Père, tu parles avec prudence à des esprits prudents. Nous garderons tes sages conseils et nous nous en souviendrons. Que notre père Zeus veille sur nous!

DANAOS.

Ne tarde donc pas, hâte-toi d'agir.

LE CHŒUR DES DANAÏDES.

Déjà je voudrais être assise là-haut près de toi.

DANAOS.

Ô Zeus! aie pitié de nous, qui sommes accablés de maux!

LE CHŒUR DES DANAÏDES.

Qu'il nous regarde d'un œil bienveillant! S'il veut, tout finira heureusement.

DANAOS.

Maintenant, invoquez cet oiseau de Zeus.

LE CHŒUR DES DANAÏDES.

Nous invoquons les rayons sauveurs de Hèlios, le divin Apollôn, le dieu autrefois exilé de l'Ouranos. Lui qui a connu des maux semblables, qu'il ait pitié des vivants!

DANAOS.

Qu'il ait pitié de nous, qu'il nous secoure avec bienveillance!

LE CHŒUR DES DANAÏDES.

Quel autre de ces daimones invoquerai-je aussi?

DANAOS.

Je vois le trident, signe du dieu.

LE CHŒUR DES DANAÏDES.

Il nous a heureusement menées ici, qu'il nous soit propice sur terre!

DANAOS.

Celui-ci est Hermès, selon la coutume des Hellènes.

LE CHŒUR DES DANAÏDES.

Puisse t-il nous annoncer que nous sommes délivrées du mal!

DANAOS.

Vénérez l'autel commun de tous ces immortels. Dans ce lieu sacré, asseyez-vous comme une troupe de colombes épouvantées par ces faucons, ces ennemis, vos parents, qui souillent leur race. Un oiseau qui se repaît d'un oiseau est-il pur? Comment donc serait-il pur celui qui veut épouser une femme malgré elle et malgré son père? Même mort, dans le Hadès, s'il a commis ce crime, il n'échappera pas au châtiment. C'est là, dit-on, qu'un autre Zeus est le juge suprême des crimes parmi les morts. Observez-vous et gagnez ce lieu, afin que ceci ait une heureuse fin.

LE ROI PÉLASGOS.

De quel pays êtes-vous, qui n'êtes point vêtues à la manière Hellénienne, mais qui portez des robes et des voiles barbares? En effet, ce vêtement n'est ni d'Argos, ni d'aucune partie de Hellas. Que vous ayez osé venir intrépidement sur cette terre, sans guides, sans hérauts, sans hôtes qui vous protégent, cela est surprenant. Certes, à la vérité, des rameaux, selon la coutume des suppliants, sont déposés auprès de vous sur les autels des dieux qui président les jeux. La terre de Hellas ne reconnaît que cela en vous. Je ne puis donc que supposer tout le reste, à moins que je ne sois renseigné par vos paroles.

LE CHŒUR DES DANAÏDES.

Tu as dit vrai sur nos vêtements; mais à qui parlé-je maintenant? Est-ce à un simple citoyen, à un porte-baguette, gardien des temples, ou au chef de la ville?