Oui! cette gaîne de mes flèches.
C'est peu sur tant de pertes!
Nous n'avons plus de défenseurs!
La race des Iaônes est ardente au combat.
Antistrophe V.
Elle est très vaillante. J'ai subi une défaite inattendue.
Et tu dis que notre flotte a pris la fuite?
A cause de ce malheur j'ai déchiré mes vêtements.
Hélas! hélas!
Plus qu'hélas! Gémis plus encore!
Nos maux sont doubles et triples!
Lamentables pour nous, ils font la joie de nos ennemis.
Nos forces sont rompues!
Je n'ai plus de compagnons!
Tes amis sont engloutis dans la mer!
Strophe VI.
Pleure! pleure ma défaite! Rentre dans ta demeure.
Hélas, hélas! cette défaite!
Crie! réponds à mes cris!
Misérable consolation de leurs maux pour des malheureux!
Mêle ton chant lugubre au mien.
Hélas, hélas! Cette calamité terrible! Hélas! je gémis amèrement.
Antistrophe VI.
Frappe, frappe-toi! gémis sur mes maux!
Je pleure lamentablement.
Crie! réponds à mes cris!
Je le fais, ô maître!
Pousse de hautes lamentations.
Hélas, hélas! je multiplie les noires meurtrissures.
Strophe VII.
Frappe ta poitrine! chante l'hymne Mysien.
Douleur, douleur!
Arrache les poils blancs de ta barbe.
A pleine main! très lamentablement!
Pousse de hautes clameurs.
C'est ce que je ferai.
Antistrophe VII.
Déchire avec tes ongles les plis de tes vêtements.
Douleur, douleur!
Arrache tes cheveux! pleure sur l'armée!
A pleine main! très lamentablement!
Baigne tes yeux de larmes.
J'en suis baigné.
Épôde.
Crie donc! réponds à mes cris.
Hélas! hélas! hélas! hélas!
Rentre dans ta demeure en te lamentant.
Hélas! hélas! ô malheureuse terre Persique!
Hélas! dans toute la ville!
Certes, hélas! toujours, toujours!
Lamentez-vous en marchant lentement.
Hélas! hélas! Ô malheureuse terre Persique!
Hélas! hélas! hélas! mes nefs à trois rangs d'avirons! hélas! hélas! hélas! mes nefs sont perdues!
Je te suis en poussant des gémissements lugubres!
Les Sept contre Thèba
Hommes de Kadmos, il doit parler selon le temps, celui qui veille sur la chose publique, à la poupe de la ville, tenant la barre et défendant ses paupières contre le sommeil. En effet, si nous agissons bien, c'est à un dieu que nous le devons; mais, si quelque malheur arrive, que cela ne soit pas! Etéoklès seul sera en proie aux mille clameurs de la ville et aux accusations tumultueuses des citoyens. Que Zeus Préservateur, digne de ce nom, vienne en aide à la ville des Kadméiones! Maintenant, il faut que chacun de vous, celui qui est encore dans la fleur de la jeunesse et celui qui est mûr par les années, montre l'accroissement de ses forces et fasse tout pour défendre, comme il est juste, la ville et les autels de nos dieux, afin que ceux-ci ne soient point privés de leurs honneurs, et nos enfants, et cette terre maternelle, notre très-chère nourrice. En effet, c'est elle qui a porté le poids de votre enfance, tandis que vous rampiez tout petits sur son sein, et qui vous a nourris pour être des guerriers dévoués et la défendre dans ce danger. Jusqu'à ce jour un dieu nous a favorisés, et depuis que nous sommes assiégés, la guerre vous a été bonne par l'aide des dieux. Mais voici qu'il a parlé, le divinateur, le berger des oiseaux, qui entend des oreilles et de l'esprit, sans le secours du feu et par un art infaillible, les oiseaux fatidiques. Ce dispensateur d'augures dit qu'un grand assaut des Argiens se prépare contre la ville dans les embûches de la nuit. Donc, tous, hâtez-vous aux créneaux et aux portes des murailles. Armés, couverts de cuirasses, debout sur le faîte des tours, au seuil des portes, soyez fermes et ne craignez point la foule des assiégeants. Un dieu nous donnera le dessus. J'ai envoyé des espions et des éclaireurs du côté de l'ennemi. Je suis certain qu'ils ne se tromperont point de route, et, dès que je les aurai entendus, je serai à l'abri des surprises.
L’ÉCLAIREUR.
Étéoklès, très-excellent roi des Kadméiones, me voici, ayant de sûres nouvelles de l'armée ennemie. J'ai vu tous leurs préparatifs. Sept guerriers, chefs farouches, recevant dans un noir bouclier le sang d'un bœuf égorgé, les mains teintes de sang, ont juré par Arès, Ényô et Phobos altéré de sang, de dévaster la ville et de renverser la citadelle des Kadméiones par la force, ou de mourir en arrosant cette terre de leur sang. Puis de leur mains, ils ont suspendu au char d'Adrastos les souvenirs qui sont envoyés à leurs parents dans leurs demeures; et ils ont versé des larmes mais sans nulle pitié dans leur bouche. Leur âme de fer, ardente et furieuse, brûlait de la rage de lions qui se jettent les uns sur les autres. Tu sais sans retard ce qu'ils ont fait. Je les ai laissés tirant au sort les portes où chacun d'eux conduirait sa troupe. C'est pourquoi, choisis les meilleurs guerriers de la ville, et place-les comme chefs aux seuils des portes, promptement. Déjà l'armée des Argiens approche et marche à travers la poussière, et la blanche écume qui tombe par flocons des naseaux des chevaux souille la plaine. Mais toi, comme un habile pilote de nef, fortifie la ville avant que les tourbillons d'Arès se ruent. En effet, la mer terrestre des guerriers pousse des cris. Fais promptement tout ce qu'il faut contre elle. Moi, je veillerai fidèlement tout le jour, afin que tu apprennes clairement ce qui se passe au dehors, et que tu ne sois point surpris.