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ÉTÉOKLÈS.

Ô Zeus! et toi, Gaia! et vous, dieux protecteurs de la ville! imprécation, Érinnys toute-puissante de mon père! ne laissez pas ma ville, prise par les ennemis, détruite jusque dans ses fondements, et, dispersée, elle, où l'on parle la langue de Hellas, où sont vos demeures familières! Que cette ville, la libre terre de Kadmos, ne soit jamais soumise au joug des servitudes. Soyez notre soutien. Je vous supplie pour des intérêts qui nous sont communs, car une ville toujours prospère honore les daimones.

LE CHŒUR DES VIERGES.

Épouvantée, je crie, en proie à de grandes et terribles afflictions. L'armée se rue hors du camp. L'immense foule des cavaliers abonde et se précipite. La poussière aérienne m'apparaît, muet et véridique messager. Le trépignement des sabots frappant la plaine approche et vole; il retentit comme l'irrésistible torrent qui roule du haut des montagnes.

Hélas, hélas! dieux et déesses, détournez le malheur qui se rue! L'armée aux boucliers blancs, avec une clameur qui franchit nos murailles, s'avance en ordre de bataille et se jette impétueusement sur la ville. Qui donc nous protégera? Qui nous viendra en aide, des dieux ou des déesses? Devant laquelle des images des daimones me prosternerai-je? Ô bienheureux, honorés de siéges splendides, c'est l'instant suprême où nous devons embrasser vos images! Que tardons-nous, nous qui gémissons si profondément? Entendez-vous, ou n'entendez-vous pas le bruit strident des boucliers? Quand donc, si ce n'est maintenant, supplierons-nous avec des voiles et des couronnes?

Je suis épouvantée de ce bruit. Ce n'est certes pas le son d'une seule lance. Que feras-tu? Abandonneras-tu cette terre, ô Arès, antique enfant de ce sol? Ô dieu qui resplendis d'un casque d'or, regarde, regarde la ville que tu as tant aimée autrefois! dieux, protecteurs de cette terre, venez, venez tous! voyez cette troupe de vierges qui vous supplient de détournée d'elles la servitude. En effet, autour de la ville, le flot des guerriers aux casques à crinières, la tempête furieuse d'Arès retentit.

Et toi, Zeus, père universel, repousse au loin l'assaut de nos ennemis; car les Argiens enveloppent la ville de Kadmos, et la terreur des armes et les freins dans la bouche des chevaux crient le carnage. Les sept chefs farouches de l'armée ennemie, resplendissants de l'éclat des armes, chacun à l'endroit marqué par le sort, sont debout aux sept portes.

Et toi, fille de Zeus, amie du combat, sois la protectrice de la ville, ô Pallas! Et toi, roi hippique, maître de la mer, qui frappes les flots de ton trident, Poseidôn, délivre-nous, délivre-nous de nos terreurs! Et toi, ô Arès! hélas, hélas! protège ouvertement la citadelle de Kadmos!

Et toi Kypris, aïeule de notre race, détourne le malheur loin de nous, qui sommes issues de ton sang. Nous voici devant toi, invoquant l'aide des dieux par nos prières suppliantes.

Et toi, roi des loups, tueur de loups, sois la ruine de l'armée ennemie! Et toi, fille de Letô, bande bien ton arc, chère Artémis!

Ah! ah! j'entends le retentissement des chars autour de la ville, ô puissante Hèra! Les moyeux crient lugubrement autour des essieux, chère Artémis!

Ah! ah! L'aither est hérissé de lances furieuses. Quelle destinée notre ville va-t-elle subir?

Qu'arrivera-t-il? Qu'ont décidé les dieux? Ah! ah!

La pluie des pierres se rue sur les hauts créneaux, ô cher Apollôn! Le bruit des boucliers recouverts d'airain retentit aux portes, et le signal sacré du combat est paru de Zeus.

Et toi, bienheureuse reine Onka, hors les murs, protége la ville aux sept portes!

Strophe.

Ô vous, dieux tout puissants, dieux et déesses suprêmes gardiens de cette terre, ne livrez pas la ville à cette armée étrangère, pour être dévastée par la guerre. Entendez les justes prières des vierges suppliantes!

Antistrophe.

Ô chers daimones, protecteurs de la ville, montrez que vous l'aimez, que vous avez le souci des autels publics et que vous les défendez. Souvenez-vous des nombreux sacrifices orgiaques célébrés par les citoyens.

ÉTÉOKLÈS.

Je vous le demande, insupportables brutes, détestées des sages! se prosterner en hurlant et en criant devant les images des dieux qui protégent la ville, est-ce ce qu'il y a de mieux à faire pour elle et pour le peuple assiégé? Plaise aux dieux que, dans le malheur ou dans la prospérité, je n'habite jamais avec aucune femme femelle! Si la fortune les favorise, leur impudence est intolérable; si la terreur les saisit, le mal n'en est que plus grand pour la ville et pour la maison. Maintenant, par votre tumulte et par vos courses insensées, voici que vous avez jeté le lâche découragement parmi les citoyens et que vous aidez grandement les forces de l'ennemi. Ainsi, nous nous déchirons nous-mêmes. C'est ce qui arrive quand on habite avec des femmes. Mais si quelqu'un n'obéit pas à mon ordre, homme ou femme ou ce qui tient le milieu, une sentence de mort sera rendue contre eux, et aucun n'échappera au supplice de la lapidation. Le souci de l'homme est que la femme ne se mêle pas de ce qui se passe au dehors. Si elle reste enfermée dans sa demeure, elle n'est d'aucun danger. As-tu entendu, ou n'as-tu pas entendu? Parlé-je à une sourde?

LE CHŒUR DES VIERGES.

Strophe I.

Ô cher enfant d'Oidipous, je me suis épouvantée en entendant le fracas des chars retentissants, tandis que les moyeux crient en tournant et que les chaînes des freins durcis au feu sonnent dans la bouche des chevaux, incessamment.

ÉTÉOKLÈS.

Quoi donc? Le marin trouve-t-il la voie du salut en se réfugiant de la proue à la poupe, pendant que la nef est assaillie par les flots de la mer?

LE CHŒUR DES VIERGES.

Antistrophe I.

Je suis accourue, me réfugiant auprès des images antiques des dieux, et confiante en eux, quand le retentissement de cette terrible pluie d'hiver s'est jeté sur nos portes. Alors, saisie de terreur, j'ai élevé mes supplications aux dieux, afin d'obtenir leur aide pour la ville.

ÉTÉOKLÈS.

Les priez-vous pour qu'ils défendent nos murailles contre la lance des ennemis?