Ah! ah! L'aither est hérissé de lances furieuses. Quelle destinée notre ville va-t-elle subir?
Qu'arrivera-t-il? Qu'ont décidé les dieux? Ah! ah!
La pluie des pierres se rue sur les hauts créneaux, ô cher Apollôn! Le bruit des boucliers recouverts d'airain retentit aux portes, et le signal sacré du combat est paru de Zeus.
Et toi, bienheureuse reine Onka, hors les murs, protége la ville aux sept portes!
Strophe.
Ô vous, dieux tout puissants, dieux et déesses suprêmes gardiens de cette terre, ne livrez pas la ville à cette armée étrangère, pour être dévastée par la guerre. Entendez les justes prières des vierges suppliantes!
Antistrophe.
Ô chers daimones, protecteurs de la ville, montrez que vous l'aimez, que vous avez le souci des autels publics et que vous les défendez. Souvenez-vous des nombreux sacrifices orgiaques célébrés par les citoyens.
Je vous le demande, insupportables brutes, détestées des sages! se prosterner en hurlant et en criant devant les images des dieux qui protégent la ville, est-ce ce qu'il y a de mieux à faire pour elle et pour le peuple assiégé? Plaise aux dieux que, dans le malheur ou dans la prospérité, je n'habite jamais avec aucune femme femelle! Si la fortune les favorise, leur impudence est intolérable; si la terreur les saisit, le mal n'en est que plus grand pour la ville et pour la maison. Maintenant, par votre tumulte et par vos courses insensées, voici que vous avez jeté le lâche découragement parmi les citoyens et que vous aidez grandement les forces de l'ennemi. Ainsi, nous nous déchirons nous-mêmes. C'est ce qui arrive quand on habite avec des femmes. Mais si quelqu'un n'obéit pas à mon ordre, homme ou femme ou ce qui tient le milieu, une sentence de mort sera rendue contre eux, et aucun n'échappera au supplice de la lapidation. Le souci de l'homme est que la femme ne se mêle pas de ce qui se passe au dehors. Si elle reste enfermée dans sa demeure, elle n'est d'aucun danger. As-tu entendu, ou n'as-tu pas entendu? Parlé-je à une sourde?
Strophe I.
Ô cher enfant d'Oidipous, je me suis épouvantée en entendant le fracas des chars retentissants, tandis que les moyeux crient en tournant et que les chaînes des freins durcis au feu sonnent dans la bouche des chevaux, incessamment.
Quoi donc? Le marin trouve-t-il la voie du salut en se réfugiant de la proue à la poupe, pendant que la nef est assaillie par les flots de la mer?
Antistrophe I.
Je suis accourue, me réfugiant auprès des images antiques des dieux, et confiante en eux, quand le retentissement de cette terrible pluie d'hiver s'est jeté sur nos portes. Alors, saisie de terreur, j'ai élevé mes supplications aux dieux, afin d'obtenir leur aide pour la ville.
Les priez-vous pour qu'ils défendent nos murailles contre la lance des ennemis?
Certes, cela regarde les dieux.
Mais on dit que les dieux abandonnent une ville prise d'assaut.
Strophe II.
Puisse, moi vivante, l'assemblée des dieux ne jamais l'abandonner! Que je ne voie jamais notre ville envahie par l'ennemi et en proie à l'ardent incendie!
N'amenez pas notre ruine en invoquant les dieux. Femmes! l'obéissance est la mère du salut. J'ai parlé.
Antistrophe II.
Mais la puissance des dieux est au-dessus de tout. Souvent elle console dans le malheur et chasse de nos yeux les nuages suspendus des calamités amères.
Il appartient aux hommes d'égorger les victimes et de faire les sacrifices aux dieux quand l'ennemi approche. Vous ne devez que vous taire et rester enfermées dans vos demeures.
Strophe III.
Nous habitons une ville encore invaincue par la protections des dieux, et nos murailles nous défendent de la multitude des ennemis. Pourquoi nous blâmer de notre piété?
Je ne vous blâme point d'honorer la race des dieux; mais n'empêchez point les citoyens de courir aux armes. Restez calmes, et ne vous épouvantez pas hors mesure.
Antistrophe III.
Quand j'ai entendu ce fracas soudain, saisie de terreur je me suis réfugiée dans cette citadelle, retraite vénérable.
Maintenant, si vous entendez parler de morts et de blessés, ne vous répandez pas en lamentation sur eux, car Arès se repaît du carnage des vivants.
Ah! j'entends le hennissement des chevaux!
Entendez-le, mais gardez vous de l'entendre trop!
La citadelle gémit dans ses fondements, enveloppée d'ennemis.
C'est à moi de m'en occuper.
Je meurs d'épouvante; le bruit s'accroît aux portes.
Ne vous tairez-vous point? N'en dites rien dans la ville.
Ô vous tous, ô dieux, ne livrez pas nos murailles!
Misérables! ne vous tairez-vous pas?
Ô dieux de la ville, gardez-nous d'être réduites en servitude!
C'est vous qui nous réduisez en servitude, moi et toute la ville.
Ô Zeus tout-puissant, lance ton trait contre nos ennemis!
Ô Zeus, pourquoi as tu créé cette race de femmes!
Nous serons aussi misérables que les hommes, si la ville est prise.
Encore des cris de mauvais augure en embrassant ces images des dieux!
L'épouvante et la terreur égarent ma langue.
Ce que je te prie de m'accorder est peu de chose.
Dis promptement, afin que je le grave aussitôt dans mon esprit.
Tais-toi, ô malheureuse, et n'effraye point les nôtres.
Je me tais, et je subirai la destinée commune.
Je préfère tes dernières paroles aux premières. C'est pourquoi laisse ces images, et, par de meilleurs prières, supplie les dieux d'être nos compagnons dans le combat. Puis, quand tu auras entendu mes vœux, chante le chant sacré, l'heureux paian, qui s'élève au milieu des solennités sacrées des Hellènes, qui donne la confiance aux amis et dissipe ma crainte que donne l'ennemi:
– Aux dieux de la ville et de la terre, aux dieux des champs et de l'agora, aux sources de Dirkè, à l'Ismènos, je jure, si la victoire est à nous et si la ville est sauvée, d'égorger des brebis sur les autels des dieux, de leur sacrifier des taureaux, et de consacrer en trophées, dans leurs demeures divines, les armures et les dépouilles prises à l'ennemi.