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Biron se passa lentement la main sur le front.

— Et voilà, annonça-t-il, sentant la tension l’abandonner.

L’Autarque prit sa combinaison spatiale sous le bras ; elle était encore couverte d’une mince couche de buée.

— Merci, dit-il sur un ton parfaitement courtois. Je vous envoie immédiatement un de mes officiers. Vous vous arrangerez avec lui pour les fournitures.

Dès qu’il eut disparu dans le sas, Biron se tourna vers Gillbret :

— Pourriez-vous vous occuper de l’officier pendant un moment ? Vous seriez gentil. Dès qu’il sera arrivé, coupez le champ magnétique et rétractez le sas.

Il sortit de la cabine de pilotage. Il avait besoin d’être seul pour réfléchir.

Mais il entendit un bruit de pas rapides derrière lui et une douce voix. Il s’immobilisa.

— Biron, dit Artémisia. Je veux te parler.

Il se tourna vers elle.

— Plus tard, Arta, si cela ne te fait rien.

Son regard ardent ne le quittait pas.

— Non, Biron, maintenant.

Ses bras étaient légèrement avancés comme si elle avait eu envie de l’enlacer, sans être sûre de la façon dont son geste serait accueilli.

— Tu ne crois pas ce qu’il a dit sur mon père ?

— Cela n’a aucun rapport.

— Biron… (Elle s’arrêta. C’était très dur pour elle de dire ce qu’elle allait dire. Elle essaya de nouveau :) Biron, je sais que ce qui s’est passé entre nous était en partie dû au fait que nous nous trouvions seuls ensemble, et que nous étions en danger…

De nouveau, elle fut incapable de continuer.

— Essaies-tu de me dire que tu es une Hinriade, Arta ? C’est inutile. Tu n’as aucune raison de te sentir liée à moi.

— Non, oh non ! (Elle le prit par le bras et posa sa joue contre son épaule dure et musclée.) Oh non, pas du tout ! Peu importent les Hinriades et les Widemos. Cela ne veut rien dire pour moi. Biron, je… je t’aime. (Elle leva les yeux sur lui, et leurs regards se rencontrèrent.) Et je suis sûre que tu m’aimes aussi. Je pense que tu l’admettrais si seulement tu pouvais oublier que je suis une Hinriade. Tu as dit à l’Autarque que tu ne me tiendrais pas rigueur des actes de mon père. Ne me tiens pas davantage rigueur de son rang.

Elle avait passé ses bras autour de son cou. Biron pouvait sentir la douceur de ses seins sur son corps et la tiédeur de son haleine sur ses lèvres. Doucement, il leva les bras et se dégagea et, tout aussi doucement, l’éloigna de lui.

— Je ne suis pas encore quitte avec les Hinriades, Artémisia.

— Mais tu avais dit à l’Autarque que…

Il évita son regard.

— Désolé, Arta, mais ne te fie pas à ce que j’ai pu dire à l’Autarque.

Elle aurait voulu crier que ce n’était pas vrai, que son père n’avait pas fait cela, et que de toute façon…

Mais il avait déjà disparu dans la cabine, la laissant seule dans le couloir, pleurant des larmes de honte et de douleur.

15

Lorsque Biron revint dans la cabine de pilotage, il y trouva Tedor Rizzett. Ses cheveux étaient gris, mais son corps avait conservé toute sa vigueur et son visage large et haut en couleur était souriant.

Il se précipita au-devant de Biron et lui serra chaleureusement la main.

— Par les étoiles ! s’exclama-t-il, vous êtes bien le fils de votre père ! Je crois revoir le vieux Rancher en chair et en os.

— J’aimerais qu’il en fût ainsi, répondit Biron.

Le sourire de Rizzett s’assombrit.

— Nous aussi, jusqu’au dernier homme. Ah, oui, j’oubliais de me présenter. Je suis Tedor Rizzett, colonel dans les Forces Linganiennes régulières, mais entre nous, nous n’utilisons ni titres ni grades. Même à l’Autarque, nous disons simplement « monsieur ». Sur Lingane, nous n’avons, ni seigneurs ni nobles dames – ne m’en veuillez donc pas si je vous parle sans cérémonie.

— D’accord, dit Biron, pas de titres. Nous devions, je crois, nous mettre d’accord sur la remorque spatiale et les fournitures ?

Le Linganien examina la cabine en connaisseur.

— C’est là première fois que je vois un vaisseau Tyrannien de l’intérieur – et j’espère bien que ce sera la dernière. Si je ne me trompe pas, votre sas de secours est placé juste à l’arrière ? Et les orifices de poussée sont disposés en cercle autour de la coque ?

— Exact.

— Parfait ; nous n’aurons pas d’ennuis. Dans certains modèles, les moteurs sont à l’arrière, ce qui oblige à placer la remorque de côté. Cela complique l’ajustement de la gravité et la maniabilité dans l’atmosphère devient à peu près nulle.

— Il faudra longtemps pour l’accrochage ?

— Non. Quelle dimension désirez-vous ?

— Que pouvez-vous nous donner de plus grand ?

— Super de luxe ? D’accord. Si l’Autarque l’a dit, il n’y a pas de problème. Nous pouvons en avoir une qui est déjà presque un vaisseau spatial. Il y aura même des moteurs auxiliaires.

— Et du point de vue cabines ?

— Pour Mlle Hinriade ? Aucune comparaison avec ce que vous avez ici…

Il se tut brusquement. A la mention de son nom, Artémisia était passée devant lui, le visage fermé, et était sortie de la cabine, suivie des yeux par Biron.

— Je n’aurais pas dû l’appeler Mlle Hinriade ? demanda Rizzett.

— Ce n’est rien, ne vous inquiétez pas. Vous disiez ?

— Ah oui, les cabines. Il y en aura au moins deux, très spacieuses, avec bains et douche. Le sanitaire est l’équivalent de ce que l’on trouve sur les paquebots de ligne. Ce sera très confortable, croyez-moi.

— Parfait. En ce qui concerne l’eau et les vivres ?

— La réserve d’eau suffit pour deux mois. Un peu moins si vous tenez à avoir une piscine à bord. Et un choix de plats surgelés. Je suppose que vous mangiez des concentrés Tyranniens ?

Biron fit un signe d’assentiment, et Rizzett grimaça.

— On dirait du sauté de sciure de bois, hein ? Que vous faut-il d’autre ?

— Des vêtements pour la dame.

Rizzett plissa le front.

— Oui, bien sûr. Il vaudrait mieux qu’elle s’en occupe elle-même.

— Certainement pas. Nous vous donnerons ses mesures, et vous pourrez faire un choix dans ce qui se porte actuellement.

Rizzett secoua la tête en riant.

— Je vous assure que cela ne lui plaira pas, Rancher ! Elle n’aimera que ce qu’elle aura choisi personnellement ; même si nous lui donnons la même chose que ce qu’elle aurait choisi, elle le détestera. Je suis certain de ce que j’avance – j’ai l’expérience de ces créatures.

— Vous avez sûrement raison, Rizzett. Nous n’en ferons pas moins ce que j’ai dit.

— Soit, mais je vous aurai prévenu. A vous de faire face aux conséquences. Est-ce tout ?

— Oui, à part quelques petits détails. Des détergents. Ah oui, et aussi des cosmétiques, des parfums… nous verrons cela par la suite. Occupons-nous avant tout de la remorque elle-même.

Gillbret traversa la pièce à son tour, lui aussi sans dire un mot. Biron le suivit également des yeux, en serrant les mâchoires. Les Hinriades ! C’étaient des Hinriades ! Gillbret en était un, et elle aussi !

— Ah oui, prévoyez quand même quelques vêtements pour Gillbret oth Hinriade et pour moi. N’importe quoi fera l’affaire.