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Numéro 200. PRIX EXCEPTIONNEL DE CS NUMÉRO AVEC SUPPLÉMENT . 75 CENTIMES. 27 Octobre 1883,

A. ROBIDA

KiuACTEL'K KN CHIF

JOURNAL HEbUOMAliAIRl

La Caricature

Abonnements d'un an, Paria et départements : 20 francs. — Union postale : 24 francs. — Trois mois : 7 francs. — Bureaux ; 7, rue du Croissant.

LA GUERRE AU VINGTIÈME SIÈCLE

LA GLEUHI-: DE UAII.WAV Puise d'unk bifurcation impoutante par les troupes de railway d'avant-garde Les locDinoUves-forteresses blindées des Australiens, lancées avec toute la vitesse que les capitaines-ingénieurs ont pu obtenir de leur propulseurs électriques, ont surpris et bousculé les premiers blockhaus roulant.s rencontrés après lu frontière, et, soutenues par une division aérienne, se sont emparées des lignes, malgré les elTorls désespérés d'une division de railway mozambiquoise et de quelques ballonnets blindés.

il y a trente-trois ans

Illustré de 42 compositions, dont 7 hors texte

DORBON-AINÈ 19, Boulevard Haussmann — Paris, IX'

a été tiré de cet ouvrage lo exemplaires sur papier impérial du Japon, numérotés et signés par l'artiste.

DK es NUMERO AVEC SUPPLÉMENT 75 CENTIMES. S7 Octobre IMS.

A. ROBXSA

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La Caricature

AbonncmenU dut» an, Parii et dêpartemenU : iÛ franc».— Lnion postale : 2i tranca.— Trois moi» : 7 Trancg. — Bureaux : 7, rue du CroJstant.

LA GUERRE AU VINGTIÈME SIÉGLE

Pour expliquer la réimpression de cet Opuscule

Un jour de 1916, quelques bibliophiles, tous ayant dépassé l'âge de la mobilisation, étaient réunis chez moi; naturellement ils parlaient guerre, et aussi avant-guerre, préparation à la guerre, prévisions sur la guerre, etc. On dévia sur les prophéties, l'érudition reprit ses droits, et ce fut une revue générale,de Cagliostro,qui n'a pas prédit la Révolution, à Victor Hugo, qui a prédit les Etats-Unis d'Europe, des ballons-diligences annoncés par les contemporains des Montgoiner(1783)au bateau-poisson du Monde tel qu'il sera (1846), du sous-marin de Jules Verne à l'aéronef de Robida...

— Robida! — dirent plusieurs assistants — ah, certes, c'est un livre de prophète que son XX' Siècle publié il y a quelque quarante an». Mais quelle lacune, la guerre!

— Pardon! si Robida n'a point prédit la guerre dans son livre, il l'a prédite au même moment ailleurs, — et de façon extraordinaire.

— Où donc?

— Aucun de vous ne sait-ik plus que Robida a eu un journal à lui, La Caricature? Aucun de vous ne se souvient donc de cet extraordinaire numéro paru il y a trente et quelques années, dans lequel, en une série de dessins et en un texte qui semblèrent alors abracadabrants et qui n'étaient que logiques, il décrivait la guerre future? Il y avait là, déjà, des sous-marins, des aéroplanes de tous systèmes, d'extraordinaires « zeppelins » (quel dommage que Robida n'ait pas été directeur de notre grand Etat-major!) Et tenez...

(Ici, ouvrant une bibliothèque documentaire, je mis la main sur la fameuse Caricature et sur l'inoubliable numéro du 27 octobre 1883).

Kt en elTet, il y a toute la guerre moderne dans ces quelques colonnes : ce sont les automobiles blindées, les obus colossaux, les torpilles, les sous-marins, les mines flottantes, les gaz asphyxiants, les pompes lançant des liquides enflammés, les masques contre les gaz, les mitrailleuses, les postes-vigies contre les bombardements aériens, les canons contre aéroplanes. Tout y est. Jusqu'aux «Neutres», qui, tranquillement installés à leurs balcons, assistent aux combats aériens que se livrent les belligérants.

Stupéfaits, tous pensèrent alors qu'il fallait révéler cette curiosité. J'obtins de Robida, auquel me lie une amitié de vingt-cinq ans, l'autorisation de réimprimer son opuscule. Et le voici, dans un format qui permet de l'ajouter au A'A'" Siècle qu'il. complète.

L'éditeur a cru qu'il serait intéressant de donner en même temps un chapitre de La Vie électrique, où il est traité des grandes manœuvres. Le lecteur aura ainsi en une seule brochure La Guerre actuelle telle qu'elle a été prévue par Robida trente-trois ans d'avance.

H. Beraldi.

La Civilisation répandant ses liieiifaits sur les peuples.

Le Conflit Australo-Mozambiquois

FAITS DE GUERRE ET OPÉRATIONS CHIMIQUES

Les temps nouveaux sont veaus, l'ancien ordre de choses établi par la vieille Europe s'est écroulé en même temps que l'antique dominatrice du monde. L'Europe, ravagée par la monomanie guerrière de ses peuplades, a laissé échapper de ses mains séniles le sceptre du monde, que les peuples vigoureux et sains des jeunes continents se préparent à ramasser.

La lutte aujourd'hui est entre l'Afrique nouvelle débordante de sève, exubérante de jeunesse, et l'Australie adolescente.

L'Amérique, Tille de l'Europe, comme celle-ci l'était de la grande aïeule l'Asie, l'Amérique vieillie, est dès à présent rejetée hors de la lice; l'avenir est aux nations constituées dans les vastes territoires de l'Australie ou sur les terres presque vierges de la grande Afrique, par le mélange de cent races diverses, fondues pour ainsi dire à nouveau dans le creuset de la nature.

L'Afrique et l'Australie viennent de se disputer les armes à la main le sceptre du monde, dans un premier choc qui a remué le continent africain du Cap de Bonne-Espérance aux lacs Nyandza et Tanganyika, ensanglanté les rivages du Mozambique, les vagues de la mer des Indes et les nuées courant au-dessus des plaines mozambiquoises ou australiennes.

C'est un résumé (idèle des terribles événements de la grande guerre australo-mozambiquoise que nous allons condenser en quelques pages, en accompagnant notre

récit d'un certain nombre de croquis recueillis sur les champs de bataille terriens, aériens ou sous-marins, tant par des témoins oculaires dignes de foi que par nous-même, qui avons eu l'honneur de faire toute la campagne en qualité d'aide-de-camp volontaire du colonel-général des Torpilleurs du Mozambique et qui, pour notre belle conduite, avons été, six foi» en trois semaines, porté à l'ordre du jour.

Mobilisation des troupes de railway.

CAUSES DE LA GUERRE

Tout a changé depuis que le siècle dernier a clos l'ère de l'ignorance et de la barbarie. Autrefois, chez les anciens peuples du petit coin de terre encore appelé Europe sur les cartes, on ne guerroyait guère qu'entre voisins limitrophes ou peu éloignés. Pas de points de contact, pas de motifs de guerre et surtout aucun moj'en pour la faire quand bien même on eût voulu.

La Science rapprochant les distances, écartant les obstacles, coupant les isthmes et perforant les montagnes, a créé des points de contact entre les peuples les plus éloignés et permis toutes communications amicales ou autres. Immense progrès!

Plus de barrières! Plus de séparations! Mais, des relations commerciales ou financières des peuples entre eux, naquirent des motii's de guerre tout à fait nouveaux. Les peuples ne luttent plus maintenant pour des motifs frivoles et quelquefois chevaleresques, comme la protection de quelque faible ami ou la défense de principes de liberté, mais bien pour des raisons sérieuses, solides, le plus souvent sonnantes, telles que traités de commerce avantageux, ouvertures de marchés, faveurs douanières, spéculations de Bourse et règlement de comptes financiers.

La guerre australo-mozambiquoise n'a pas d'autre origine qu'un immense coup de Bourse. Profitant des embarras momentanés de la grande nation africaine qui venait de compléter à grands frais son réseau de chemins de fer et de livrer à la circulation 800.000 kilomètres nouveaux, sans parler de l'énorme essor donné aux autres travaux publics, un groupe de banquiers australiens a, par d'habiles manœuvres, causé une panique à la Bourse de Mozambico-Ville et acheté une colossale quantité de rentes 2 1/2 pour 100 à 35.75. L'opération faite, le gou-vernementaustralien, intéressé dans la combinaison et agissant au nom du syndicat, demanda, par la voie diplomatique, le remboursement de ces rentes au pair, ce qui devait produire pour lui un bénéfice de 18 milliards et demi.