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— Et si on le faisait descendre par l’armée ? suggère Dale.

— Le microprocesseur enregistre ses signes vitaux. S’il meurt, le tir se déclenchera de lui-même.

— Seigneur, gémit Frank.

— Là encore, je ne peux qu’acquiescer.

— Qu’est-ce qu’on peut faire ?

— Je n’en sais trop rien, avoue Hask. Mais vous voyez que l’enjeu de ce procès dépasse de loin mon sort personnel.

— Et si on neutralisait le canon à particules ? propose Frank.

— Ni Seltar ni moi n’en serions capables. Il s’est automatiquement verrouillé sur son objectif quand nous avons pénétré dans votre système solaire. En y touchant, j’aurais trop peur de déclencher le tir sans le vouloir.

— L’armée de mon pays compte dans ses rangs d’éminents spécialistes des armes de haute technologie, rétorque Frank, et on ne peut pas dire qu’ils aient croulé sous le travail ces dernières années.

Chapitre 37

L’inspecteur principal Jesus Perez descend de l’ascenseur au sixième étage de Valcour Hall, accompagné par cinq policiers en uniforme. Tous les Tosoks excepté Hask sont en train de visionner une cassette vidéo dans le salon.

— Lequel de vous est Kelkad ? lance Perez.

Le capitaine des aliens presse un bouton sur son traducteur.

— C’est moi.

— Kelkad, vous êtes en état d’arrestation.

Kelkad se lève alors que son toupet s’incline en signe d’écœurement :

— Voilà donc la justice des hommes ! Faute de pouvoir faire condamner Hask, vous vous rabattez sur moi.

— Vous avez le droit d’observer le silence, poursuit Perez, lisant. Si vous renoncez à ce droit, sachez que tout ce que vous direz pourra être retenu contre vous devant un tribunal. Vous avez le droit de consulter un avocat et de réclamer sa présence lors de votre interrogatoire. Au cas où vous n’auriez pas les moyens de le rémunérer, il vous en sera attribué un à titre gratuit. Avez-vous compris les droits que je viens de vous exposer ?

— C’est un scandale ! s’insurge Kelkad.

— Avez-vous compris vos droits ?

— Oui, mais…

— Parfait. Qui est Rendo ?

— C’est moi.

— Rendo, vous êtes en état d’arrestation. Vous avez le droit de…

— Vous avez l’intention de tous nous arrêter ? s’inquiète Kelkad.

— Correct.

— Mais c’est absurde ! Je me suis renseigné sur vos lois. Vous ne pouvez pas arrêter simultanément plusieurs suspects pour un crime commis par une seule personne. Aucun de nous n’est impliqué dans le meurtre du docteur Calhoun.

— Qui vous parle de ça ? Vous êtes inculpés pour association de malfaiteurs et tentative de meurtre.

— Le meurtre de qui ?

— Le meurtre de tout le monde.

— C’est grotesque. Nous sommes vos invités. Nous n’avons rien fait de mal.

— Une fois votre moteur réparé, vous comptiez pointer un canon à particules vers la Terre.

Cette fois, il s’écoule plusieurs secondes avant que Kelkad ne réagisse :

— Où avez-vous été pêcher une idée aussi ridicule ?

— Votre procès vous donnera l’occasion d’être confronté à votre accusateur.

— Mais qui…

Kelkad se donne une claque sur le flanc de ses deux mains.

— Hask ! C’est lui qui vous a dit ça. Mais qu’est-ce que c’est que cette parodie de justice ? Hask est accusé de meurtre ; il est logique qu’il dise n’importe quoi pour détourner l’attention de sa personne.

— Jusqu’à présent, vous clamiez sur tous les toits qu’il était innocent.

— Innocent, lui ? Non, il est évident que c’est lui l’assassin et qu’il est fou à lier. Vous avez entendu les experts : selon vos critères, c’est un déséquilibré. Et je puis vous assurer qu’il l’est aussi selon nos propres critères.

— Hask est le seul Tosok valable que j’aie rencontré jusqu’ici, lui retourne Perez. Pour être tout à fait juste, il y en a un second…

Kelkad fait pivoter son buste de façon à scruter tour à tour chacun de ses compagnons.

— Lequel de vous est de mèche avec Hask ? demande-t-il.

— Ce n’est pas l’un d’entre eux, Kelkad, répond Perez. Michaelson, vous avez la cassette ?

— Elle est là, inspecteur.

— Faites-la voir.

L’agent Michaelson s’approche du magnétoscope, éjecte la cassette que regardaient les Tosoks – Star Trek II La colère de Khan – et insère celle qu’il a apportée.

— Cet enregistrement date d’à peine une heure, précise-t-il en enfonçant la touche de lecture.

Au bout de quelques secondes, l’image se stabilise et on distingue l’intérieur du vaisseau des Tosoks, apparemment filmé par un de ceux-ci – en effet, une main ou une partie de pied en forme de U pénètre de temps en temps dans le champ de la caméra. L’opérateur se déplace le long d’une coursive éclairée par une alternance de grands disques jaunes imitant la lumière d’Alpha du Centaure A et d’autres, plus petits et orange, simulant le rayonnement d’Alpha du Centaure B.

Le corridor aboutit à une porte carrée qui coulisse devant l’objectif du caméscope. Kelkad émet alors un bruit que Perez interprète comme une exclamation stupéfaite, nonobstant l’absence de traduction.

L’image se met alors à trépider, le cameraman repoussant le mur et le plafond à coups de pied pour aider sa progression. Le timbre métallique du traducteur accompagne les images, recouvrant presque la voix naturelle du Tosok.

— C’est bon, dit celui-ci. J’ai atteint le poste de contrôle principal du canon à particules. Une seconde, s’il vous plaît…

Deux mains apparaissent à l’écran et déplacent un panneau, dévoilant une partie de l’instrumentation.

— Voilà, reprend la voix. Vous voyez cette boîte rouge au centre ? Elle regroupe les circuits placés sous le contrôle de l’émetteur de Kelkad.

L’image connaît un nouveau soubresaut ; la boîte rouge disparaît de l’écran le temps que l’opérateur redresse la caméra.

— Il y a trois lignes de branchées dessus.

Une voix de femme, retransmise par radio et saturée de parasites :

— C’est bien ce que je pensais. Ça n’a rien de sorcier. Ceux qui ont conçu ce truc n’avaient visiblement pas prévu qu’on attaquerait le système de sécurité par ce bout-ci. Vous allez prendre le voltmètre que je vous ai donné…

La femme et le Tosok se concertent durant dix bonnes minutes avant que celle-là parvienne à une décision :

— OK. À présent, coupez le bleu.

Son interlocuteur tosok marque une hésitation, puis sa voix traduite s’élève à nouveau :

— Il y a un risque que je déclenche le tir en coupant l’alimentation. Dans cette éventualité, des paroles historiques s’imposent. Que diriez-vous de : « On choisit ses amis, pas ses voisins » ?

Deux mains apparaissent à l’écran, armées de petits outils, et la caméra revient d’un coup sur la boîte rouge.

— C’est parti…

Un des outils sectionne ce qui a tout l’air d’un câble à fibres optiques.

— Le tir ne s’est pas déclenché, remarque le Tosok.

— Le système de sécurité doit être désactivé, à présent, reprend la voix humaine.

— Ce traître de Hask le paiera de sa vie, menace Torbat.

La voix enregistrée déclare alors, comme si elle obéissait à un signal :

— Permettez quand même que je pose pour la postérité…

Une main se tend vers la caméra, occultant l’objectif, et la dégage de la combinaison avec un déclic. Puis la caméra pivote, soulevant un tourbillon d’images d’où émerge enfin le visage de l’opérateur…