— Aegon ? » Pendant un instant, il ne comprit pas. Puis il se souvint. Un bébé emmailloté dans une cape écarlate, le tissu imprégné de son sang et de sa cervelle. « Mort. Il est mort.
— Non. » L’eunuque semblait parler d’une voix plus grave. « Il est ici. Aegon est modelé pour régner depuis qu’il sait marcher. On l’a formé aux armes, ainsi qu’il convient à un futur chevalier, mais son éducation ne s’est pas arrêtée là. Il sait lire et écrire, il parle plusieurs langues, il a étudié l’histoire, le droit et la poésie. Une septa l’a instruit dans les mystères de la Foi depuis qu’il est en âge de les comprendre. Il a vécu avec des pêcheurs, travaillé de ses mains, traversé des fleuves à la nage, reprisé des filets et appris à laver ses propres vêtements, au besoin. Il sait pêcher, cuisiner, panser une blessure, il sait ce que c’est que d’avoir faim, d’être traqué, d’avoir peur. On a appris à Tommen que la royauté était son droit. Aegon sait que la royauté est son devoir, qu’un roi doit faire passer son peuple d’abord, et vivre et régner pour lui. »
Kevan Lannister essaya de crier… d’appeler ses gardes, son épouse, son frère… mais les mots ne voulaient pas venir. De sa bouche coula une bave de sang. Il tressaillit violemment.
« Je suis désolé. » Varys se tordit les mains. « Vous souffrez, je le sais, et pourtant je reste là, à bavarder comme une vieille femme sotte. Il est temps d’en finir. » L’eunuque avança les lèvres et siffla doucement.
Ser Kevan était froid comme la glace, et chaque inspiration laborieuse lui plantait une nouvelle lame de douleur dans le corps. Il perçut un mouvement, entendit le doux frottement de pieds chaussés de sandales contre la pierre. Un enfant émergea d’une mare de ténèbres, un garçonnet pâle dans une robe en loques, pas plus de neuf ou dix ans. Un autre se leva derrière le siège du Grand Mestre. La fille qui lui avait ouvert la porte était là, elle aussi. Ils l’entouraient tous, une demi-douzaine d’enfants aux visages blafards et aux yeux obscurs, garçons et filles mêlés.
Et dans leurs mains, les poignards.
Remerciements
Ce dernier volume a été l’enfer. Trois enfers et une belle saleté. Encore une fois, mes remerciements vont à mes directeurs littéraires et mes éditeurs, dans leur longue épreuve : à Jane Johnson et Joy Chamberlain chez Voyager, et à Scott Shannon, Nita Taublib et Anne Groell chez Bantam. Leur compréhension, leur bonne humeur et leurs conseils avisés m’ont aidé durant les moments difficiles, et je ne cesserai jamais d’être reconnaissant de leur patience.
Merci également à mes agents, tout aussi patients et encourageants, Chris Lotts, Vince Gerardis, la fabuleuse Kay McCauley et feu Ralph Vicinanza. Ralph, j’aimerais que tu sois là pour partager ce moment.
Et merci à Stephen Boucher, l’Australien errant qui aide à préserver la fluidité et les ronronnements de mon ordinateur chaque fois qu’il fait halte à Santa Fe pour un petit déjeuner burrito (Noël), accompagné de bacon au jalapeño.
Pour en revenir ici, en première ligne, je dois aussi remercier mes chers amis Melinda Snodgrass et Daniel Abraham pour leurs encouragements et leur soutien, à Pati Nagle, ma webmestre qui entretient mon petit coin d’Internet, et à l’épatante Raya Golden, pour les repas, les peintures et la bonne humeur sans faille qui ont aidé à illuminer même les journées les plus sombres, à Terrapin Station. Même si elle a bel et bien tenté de me chouraver mon chat.
Si j’ai pris longtemps pour exécuter cette danse avec les dragons, elle aurait sans doute exigé deux fois plus de temps sans l’assistance de mon fidèle (et acerbe) acolyte et compagnon de voyage à l’occasion, Ty Franck, qui soigne mon ordinateur lorsque Stephen n’est pas là, repousse les hordes virtuelles affamées à mes portes, effectue mes courses, classe mes documents, prépare le café, déchire grave et compte dix mille dollars pour changer une ampoule électrique – tout en écrivant le mercredi des bouquins bien à lui, qui tapent fort.
Et en dernier lieu, mais non le moindre, tout mon amour et ma gratitude vont à ma femme, Parris, qui a dansé chaque pas de tout ceci à mes côtés. Je t’aime, Phipps.
George R.R. Martin
13 mai 2011
Le traducteur et l’éditeur remercient chaleureusement les membres La Garde de Nuit (www.lagardedenuit.com), site francophone des fans du Trône de Fer, pour leur aide précieuse et leur relecture attentive.
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