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— Comment diable pourrai-je y parvenir quand nous n’abordons jamais ce sujet ?

— Je n’en ai aucune idée. » Duellos secoua la tête. « Tanya m’a envoyé vous parler de votre carrière, pas de vos relations. Je ne peux pas me comporter honorablement dans cette affaire en jouant les intermédiaires. Vous le savez.

— Oui. Je le sais. Nul ne le pourrait. Ce serait l’exhorter à prendre des décisions déshonorantes, l’inciter à enfreindre le règlement. Les seules personnes à qui on pourrait le demander sont celles à qui nous nous fions le plus, et ce serait une foutue façon de leur rendre cette confiance. » Geary contemplait l’hologramme comme s’il pouvait lire la réponse à ses questions dans les étoiles. « Je trouverai un moyen.

— N’oubliez pas que Tanya échafaudera elle aussi un plan. Qui ne coïncidera peut-être pas avec le vôtre.

— Pourquoi ? »

Duellos s’accorda un instant de réflexion, comme s’il se demandait s’il devait répondre. « Il faudra le lui demander.

— Je ne peux pas.

— Non. Désolé. » Duellos s’apprêta à prendre congé puis fit halte : « S’agissant de cette affaire de grade, je lui rapporterai que vous campez sur vos positions. Elle ne va pas sauter de joie.

— Super. Nous serons deux. »

Duellos suivit le regard de Geary. « Vous observez l’Intrépide ?

— Ouais. Je n’ai toujours reçu aucune nouvelle de Jane Geary, sauf au plan professionnel.

— Là, je puis peut-être vous aider. Il n’y a rien de déshonorant à discuter de questions personnelles avec un ami proche. Je lui parlerai, promit-il.

— Merci. » Geary se leva et scruta attentivement Duellos. « Je suis content de vous avoir enfin rencontré en personne. Juste au cas où. » Ils allaient de nouveau combattre et, au cours des quelques fractions de seconde qui voient le choc des vaisseaux ennemis, la chance joue un grand rôle dans la mort ou la survie.

« Oui. Juste au cas où. Je vais aller présenter mes respects au capitaine Desjani et lui faire part de l’échec de ma mission. »

En dépit de tout, Geary se surprit à sourire après le départ de Duellos.

Les sourires fleurissaient autour de la table de conférence. Tous les commandants exultaient depuis le massacre des VAR et tous savaient déjà qu’Atalia s’était rendu à Geary. Le seul visage contrit aurait sans doute appartenu à celui du Donjon, et ce croiseur avait sauté pour Varandal vingt heures plus tôt.

Pour la première fois depuis qu’il avait pris le commandement de la flotte, Geary ressentit le besoin de tempérer les ardeurs. « Nous avons remporté des victoires mineures mais le plus dur combat nous attend encore. Une partie des forces syndics qui ont attaqué Varandal a réussi à s’échapper, et elle aura trouvé des renforts depuis. Il faut l’achever. »

Il afficha l’hologramme des étoiles, conscient que tous avaient anticipé ce moment. « Nous allons sauter vers Kalixa. Le portail de ce système a été détruit, mais, de là, nous pourrons gagner Indras. » Sa main décrivit la trajectoire prévue, qui s’enfonçait plus profondément dans l’espace syndic. « En partant du principe que le portail d’Indras a été équipé d’un des dispositifs de sauvegarde de Cresida, nous nous en approcherons et nous utiliserons la clef de l’hypernet syndic présente à bord de l’Indomptable pour permettre à la flotte de l’emprunter vers Parnosa. » Sur l’écran, la trajectoire fendit l’espace pour déboucher sur une étoile éloignée.

Le bref silence fut brisé par le commandant Neeson de l’Implacable, qui posa la question que Geary pouvait déjà lire sur tous les visages : « Parnosa ? Pourquoi Parnosa ?

— Parce qu’aucun d’entre nous ne se fie aux Syndics, et que l’histoire récente nous dissuade d’entrer chez eux par la grande porte, en l’occurrence le portail de l’hypernet de leur système mère. » L’allusion au traquenard qui avait infligé de si terribles pertes à la même flotte se passait de tout développement. « Nous allons donc leur tomber dessus depuis une direction inattendue. De Parnosa, nous sauterons pour Zevos et, de là, vers leur système mère. »

Un nouvel instant de silence suivit cette déclaration, le temps que tous la digèrent, puis le capitaine Jane Geary s’exprima pour la première fois lors d’une réunion stratégique. « Zevos n’est pas à portée de saut de leur système mère.

— Bien sûr que si, répondit Duellos d’une voix songeuse. Pas officiellement sans doute, mais, quand cette flotte a sauté pour Sancerre, le capitaine Geary nous a montré comment rallonger la portée des sauts. La distance de Zevos au système mère syndic est inférieure à celle qui nous séparait alors de Sancerre.

— Exactement, renchérit Geary. Quelle que soit la surprise qu’ils nous ont réservée, elle ne sera pas destinée à des gens qui sauteraient depuis Zevos. Nous émergerons à un point de saut que les Syndics regardent comme inutile puisqu’ils sont persuadés qu’il n’existe pas d’étoiles à proximité d’où l’on pourrait sauter vers lui. »

Neeson avait retrouvé son sourire. « Si bien qu’ils ne nous auront rien préparé là-bas. Nous pourrons alors prendre à revers le traquenard qu’ils nous auront réservé au portail de l’hypernet. »

Mais le capitaine Armus, lui, s’était rembruni. « Et si les défenseurs syndics s’enfuyaient par ce portail au lieu de nous combattre ? Nous leur fournirions une échappatoire commode. »

Rione gardait d’ordinaire le silence lors de ces réunions, mais, cette fois, elle prit la parole : « Ils ne peuvent pas se permettre de filer car leurs dirigeants ne le leur permettraient pas. Ces défenseurs doivent à tout prix camper sur leurs positions et s’efforcer de nous vaincre, parce que, si jamais le Conseil exécutif désertait le système mère, le mince vernis d’autorité qui lui reste se volatiliserait et la plupart des systèmes stellaires des Mondes syndiqués suivraient l’exemple d’Atalia et d’Héradao. Nous le savons et eux aussi. Ils doivent se battre. »

Armus et quelques-uns des autres commandants s’étaient encore renfrognés en entendant Rione s’immiscer dans le débat, mais ils se détendirent en l’écoutant. « Parfait, alors, concéda Armus. Le service du Renseignement de la flotte corroborera-t-il cette affirmation ? demanda-t-il à Geary.

— En effet. » Bien entendu. Jamais des officiers de la flotte ne prendraient la parole d’un politicien pour argent comptant. « Mon plan n’est nullement gravé dans le marbre, parce que, si le portail d’Indras s’est lui aussi effondré ou n’a pas été équipé d’un dispositif de sauvegarde, nous ne pourrons pas l’emprunter. Si cela se produisait, nous continuerions de nous enfoncer par sauts successifs dans le territoire ennemi jusqu’à trouver un portail opérationnel. »

D’un geste, le commandant du Fiable attira leur attention. « Amiral, il se pourrait que les Syndics n’aient installé ces dispositifs sur aucun de leurs portails. Je sais que cette flotte a essuyé les ondes de choc consécutives à l’effondrement de ceux de Sancerre et de Lakota. Pourquoi ne pas tenter d’emprunter un portail même s’il n’est pas équipé d’une, sauvegarde ? »

Geary se rendit compte que cette suggestion n’emportait en aucun cas l’approbation des commandants présents à Lakota, mais, venant d’un homme qui n’avait pas assisté à l’événement, la question restait compréhensible. « Nous allons sauter pour Kalixa. Quand vous aurez constaté de vos propres yeux ce qui reste de ce système, vous aurez votre réponse, me semble-t-il. D’autres questions ? »