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Il entreprit de confirmer son ordre puis modifia un paramètre et regarda Desjani. « Chargez-vous-en.

— Comment ?

— Je viens de vous passer le flambeau. Donnez votre approbation au bombardement. »

Elle lui sourit lentement. « Vous savez rendre une femme heureuse. Celle-ci, en tout cas. » Son sourire s’altéra, virant au rictus féroce pendant qu’elle consultait le plan de bombardement. « Merci, amiral. Ça vengera les camarades que nous avons perdus la dernière fois », déclara-t-elle en pressant la touche.

Par toute la flotte, les vaisseaux entreprirent de larguer leurs projectiles cinétiques. Ceux-ci mettraient des heures et même des jours à atteindre leur objectif, mais le réseau compliqué des batteries défensives syndics ne serait plus que débris quand ils auraient frappé.

Durant ce siècle de guerre, le système mère syndic n’en avait jamais éprouvé directement l’impact. Ce serait bientôt chose faite et, à cette idée, Geary ne manquait pas de ressentir une certaine satisfaction. « Allons maintenant liquider cette flottille syndic. À toutes les unités de la flotte, virez à bâbord de quarante-deux degrés et de un degré vers le bas à T trente. » Il maintiendrait quelque temps la formation, jusqu’à ce qu’il apprenne la réaction des Syndics. En dépit de l’excellente tournure que semblait prendre la situation, il avait le pressentiment taraudant que l’ennemi avait dû préparer dans ce système stellaire des pièges qui n’étaient pas encore repérés. « Restez sur le qui-vive. Il y a peut-être d’autres champs de mines. »

Maintenant qu’on avait pris les mesures les plus urgentes, il était largement temps d’aborder la véritable raison de la venue de la flotte dans ce système. Il appela la section du Renseignement de l’Indomptable. « Lieutenant Iger, êtes-vous en mesure de localiser avec précision le siège du Conseil exécutif syndic dans ce système ? »

Iger afficha la mine d’un subordonné conscient que sa réponse n’allait pas beaucoup plaire à son supérieur. « Ce serait hautement improbable, amiral. Nous scannons actuellement toutes les communications codées des Syndics pour tenter de dénicher des informations, et nous tâcherons d’en décrypter le plus grand nombre de segments possible, mais les seules indications dont nous disposerons proviendront vraisemblablement de transmissions prioritaires sur le réseau de communications du système.

— Et vous pourrez les lire ?

— Non, amiral, pas exactement. Mais nous pourrons au moins dire à quels messages les routeurs auront accordé la priorité. En remontant ces transmissions jusqu’à leur source, nous pourrons localiser de façon générale la position géographique de l’autorité qui aura émis ces messages à haute priorité. »

Prometteur. « Générale jusqu’à quel point ? »

La gêne de l’officier du Renseignement s’accrut. « Une fois les messages entrés dans un système de transmission clos, nous ne pouvons plus les traquer. Une installation orbitale, par exemple. Ou une planète.

— Une planète ? s’étonna Geary. Vous ne pouvez pas rétrécir davantage le champ de vos investigations ? Quelque part à la surface d’une planète, c’est tout ?

— Sans doute, amiral, expliqua Iger. Une fois le message parvenu sur une planète, il existe un grand nombre de méthodes de transmission que nous ne pouvons pas surveiller de notre position. Les câbles enterrés, par exemple. Les centres de commandement planétaires tendent à se servir des sites éloignés pour les radiotransmissions afin de dissimuler leur position exacte. Mais nous devrions au moins déterminer sur quelle planète se trouve le Conseil exécutif. »

C’était manifestement une explication plutôt qu’une excuse, aussi Geary hocha-t-il la tête. « Très bien. Dans quel délai pourriez-vous me fournir ce renseignement ?

— Tout dépend du réseau syndic et de son maillage, amiral. Entre quelques heures et moins d’une journée. Si une source syndic nous fournit une meilleure information, nous parviendrons à mieux localiser le Conseil exécutif. Mais nous ne pouvons guère espérer que ça se produira dans l’immédiat.

— Compris. Avez-vous déjà identifié des camps de prisonniers de guerre ?

Iger secoua la tête. « Non, amiral. Rien qui ressemble à un camp de prisonniers ou à un camp de travail forcé, et aucune transmission connectée à ce genre d’établissement. Mais nous continuons de chercher.

— Parfait. Mais trouver le siège des autorités syndics reste votre tâche prioritaire. Informez-m’en dès que vous l’aurez déniché et tâchez de l’obtenir le plus tôt possible. » Il connaissait assez Iger pour savoir qu’ainsi présentée cette dernière requête suffirait à lui valoir toute la diligence requise de la part de la section du Renseignement.

Moins d’une journée et au minimum quelques heures. L’attente lui semblait bien trop longue, d’autant qu’elle permettrait aux Syndics de planifier d’autres attaques avant d’accepter d’ouvrir des négociations. L’expérience avait enseigné à Geary qu’il était plus facile d’empêcher un plan de se former que de l’empêcher de se réaliser.

Ne pouvant pas encore envoyer son ultimatum à une adresse précise, il allait devoir le diffuser largement. Il se redressa avant de transmettre : « Aux membres du Conseil exécutif des Mondes syndiqués, ici l’amiral Geary, commandant de la flotte de l’Alliance. Nous sommes ici pour mettre un terme définitif à ce conflit sous des conditions acceptables par les deux parties. Si possible par des négociations, mais si besoin par la force. Une liste de propositions, qui pourrait constituer la base d’un traité de paix, est jointe à cette transmission. Je vous exhorte à en prendre connaissance et à y répondre positivement le plus tôt possible. Les forces de l’Alliance dans ce système stellaire poursuivront leurs opérations offensives jusqu’à ce qu’un traité soit accepté. » Rione avait suggéré que ce serait le seul moyen d’interdire aux Syndics de faire traîner les négociations le plus longtemps possible. « En l’honneur de nos ancêtres. »

Alors qu’il terminait son allocution, Geary entendit monter les bruits d’une algarade au fond de la passerelle et il se retourna, agacé. Rione et les deux autres sénateurs étaient plantés là, envahissant la zone et donnant l’impression de se quereller, tandis que Desjani, de son côté, semblait se demander si elle ne devait pas les mettre tous aux arrêts pour s’en débarrasser. « Excusez-moi, déclara Geary d’une voix légèrement plus sonore qu’à l’ordinaire. Mais nous affrontons encore d’importantes forces militaires syndics dans ce système et nous nous attendons à combattre. Nous préférerions éviter toute distraction sur la passerelle.

— Même s’il nous a fallu vivre avec pendant un bon moment », marmonna Desjani, trop bas pour se faire entendre des trois politiciens.

La sénatrice Costa fronça hautainement les sourcils. « Amiral Geary, nous nous efforçons simplement de décider d’une rotation équitable dans l’occupation du fauteuil de l’observateur sur la passerelle. »

Rione adressa un geste d’impuissance à Geary, à l’insu de Costa et de Sakaï, avant de prendre la parole. « Peut-être devrions-nous tenir cette conversation ailleurs ? suggéra-t-elle aux deux autres. Au calme et là où nous ne dérangerons pas l’équipage.