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La flottille syndic devait désormais s’être rendu compte que la flotte de l’Alliance arrivait sur elle, mais elle ne fuyait pas et, bien au contraire, piquait droit sur une interception du cuirassé, lequel se dirigeait toujours vers la principale planète habitée.

« Elle en a après ce cuirassé, déclara Geary à Duellos dans un message que ce dernier ne recevrait pas avant une heure. Elle est contrainte de le traquer, et nous tenons donc à ce qu’il file le plus vite possible vers les planètes intérieures sans subir aucun dommage. La flottille syndic se retrouvera alors forcée d’engager le combat avec le corps principal de la flotte. Efforcez-vous de la ralentir, frappez ses flancs et surveillez particulièrement ses croiseurs de combat, qui risquent de décrocher pour tenter de le rattraper avant que nous ne l’ayons rejoint. Une fois que nous en serons venus aux mains avec elle, le sort de ce bâtiment ne nous posera plus aucun problème. » Y avait-il autre chose à ajouter ? « Tâchez aussi de rester hors de portée des armes de ce cuirassé. On nous a affirmé qu’il n’engagerait pas le combat contre nous, mais nous ne pouvons pas nous fier à cette promesse et, même s’il paraît s’y conformer, il pourrait s’imaginer que vous vous préparez à l’attaquer et ouvrir le feu malgré tout. Ici Geary. Terminé. »

De nouveau assise dans son fauteuil de commandement, Desjani semblait reposée, détendue et enjouée : la flotte et la flottille ennemie se rapprochaient l’une de l’autre à une vélocité combinée d’environ 0,2 c. « Un aviso syndic est sorti voilà quelques instants du portail. Apparemment, il compte stationner à proximité.

— Une estafette. »

L’aviso avait déjà transmis son message et attendrait pour rentrer de recevoir une réponse.

« Je me demande ce qu’il pense de toutes ces mines semées près du portail et de tous ces cargos équipés de VAR. » Geary jeta à son hologramme un regard interrogateur. « Puisqu’on en parle, pourquoi ces vaisseaux marchands n’ont-ils toujours pas bougé ?

— Ils sont trop lents pour arriver à temps quelque part et servir un objectif, fit remarquer Desjani. Tous les Syndics le savent aussi bien que nous, quel que soit le camp qu’ils soutiennent. Quand nous aurons balayé la flottille, nous aurons toute latitude pour revenir liquider ces VAR et leurs vaisseaux mères. »

Le cuirassé syndic arrivait par bâbord avant dans la direction des vaisseaux de l’Alliance, mais avec un léger décalage. Son relèvement restait néanmoins régulier par rapport à la flotte qui, de son côté, piquait vers une interception aussi rapide que possible. Un peu plus loin sur bâbord, la flottille ennemie se rapprochait du cuirassé et de la flotte, tandis que son propre relèvement dérivait légèrement par tribord. Pratiquement dans le prolongement, les cuirassés et les escorteurs du détachement Un fondaient eux aussi droit sur le cuirassé. Mais ils mettraient encore six heures à rejoindre le premier et, presque dans la foulée, engageraient le combat avec la seconde, tandis qu’il faudrait au moins quinze heures au corps principal de la flotte pour entrer dans son enveloppe d’engagement. « Devons-nous descendre ce cuirassé même si nous n’y sommes pas contraints ? » marmonna Geary dans sa barbe.

Desjani avait entendu et elle lui jeta un regard approbateur. « Serais-je en train de déteindre sur vous ? Oui, abattons-le. Ça fera déjà un cuirassé de moins qu’ils pourront nous opposer plus tard.

— Mais nous ne tenons pas à semer le chaos dans l’espace syndic, lui rappela Geary. Si nous détruisions tous leurs moyens de défense, c’est ce qui risquerait d’arriver.

— Ce n’en est pas moins un bâtiment ennemi. Notre mission est de les détruire.

— La flottille syndic pourrait bien s’y essayer aussi.

— Ça nous facilitera la tâche. Nous l’aiderons à l’abattre puis nous la liquiderons. »

La suggestion de Desjani avait le mérite de la simplicité. « Nous verrons bien ce qui se passera, répondit Geary. Je reconnais être tenté, mais, si ce cuirassé renonce à tirer sur nos vaisseaux, pas question de le liquider. »

Elle afficha une mine mécontente puis hocha la tête. « Les frapper alors qu’ils se plient à une trêve serait bien dans la manière des Syndics, pas vrai ? Très bien. Restons civilisés et ne les tuons que s’ils nous provoquent.

— Vous êtes une femme très intéressante, Tanya. » Geary se frotta les yeux. « Je crois que je vais vraiment tenter de prendre un peu de repos maintenant. »

Peut-être était-ce l’épuisement, ou bien le soulagement à l’idée qu’un engagement décisif allait bientôt avoir lieu, toujours est-il que Geary n’eut cette fois aucun mal à trouver le sommeil. Il n’eut cependant droit qu’à quatre heures de répit au lieu des cinq escomptées, car un message lui parvint du détachement Un.

Duellos semblait détendu. Difficile malgré tout de se rappeler qu’il se trouvait désormais sur la passerelle de l’Inspiré et non sur celle du Courageux, perdu à Héradao. « J’ai l’intention de dépasser le cuirassé et son escorte de trois croiseurs lourds. La flottille syndic a actuellement disposé ses croiseurs de combat au centre de sa formation et ses cuirassés sur ses flancs, de sorte que, pour mon détachement, ce serait une noix difficile à briser. Le commandant en chef Shalin est peut-être un homme sans honneur et méprisable, mais il la joue fine. Je vais voir ce que je peux faire pour le ralentir et lui nuire, mais, pour vraiment terrasser cette flottille, il nous faudrait les cuirassés de la flotte. Ici Duellos. Terminé. »

Geary renonça à dormir avant le lendemain et remonta sur la passerelle.

Desjani s’y trouvait encore et ignorait ostensiblement la sénatrice Costa assise dans le fauteuil de l’observateur.

Celle-ci, pour sa part, se concentrait sur son écran. « Est-ce exact, amiral ? Notre détachement va engager le combat avec l’ennemi dans moins de deux heures ?

— Pas précisément, lui expliqua Geary en prenant place dans son propre siège. Dans un peu moins de deux heures, notre détachement interceptera le cuirassé syndic qui se dirige vers la planète principale. Nous n’entendons engager le combat avec lui que s’il nous attaque.

— Il n’y aura donc pas de combat. » Costa avait l’air déçue.

« J’espère que non. J’ai besoin de tout ce que nos croiseurs de combat ont dans le ventre pour attaquer cette flottille, et les cuirassés sont une cible pour le moins coriace, même lorsqu’ils ne sont accompagnés comme celui-ci que de trois escorteurs.

— Je suis montée en profitant d’une interruption des négociations dans l’espoir d’être aux premières loges pour voir nos braves spatiaux engager le combat avec l’ennemi », se plaignit-elle.

Geary coula un regard vers Desjani, qui feignait de ne rien entendre de la conversation. « Sénatrice, le détachement se trouvera à près d’une heure-lumière de nous à cette occasion. Nous n’y assisterons qu’une heure plus tard. »

Costa fronça les sourcils. « Oui… évidemment… cela va sans dire. Veuillez me faire prévenir, je vous prie, avant que le détachement n’opère le contact avec la flottille ennemie. Il devrait s’en prendre à son centre, j’imagine, là où sont concentrés ses croiseurs de combat ?

— Non, sénatrice. Il n’en est pas question. »