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Et il raccroche.

Puis il revint vers le comptoir derrière lequel Mado Ptits-pieds semblait rêver.

– Alors, dit Charles, qu'est-ce que t'en penses? C'est oui? c'est non?

– Jvous répète, susurra Mado Ptits-pieds, vous mdites ça comme ça, sans prévnir, c'est hun choc, jprévoyais pas, ça dmande réflexion, msieu Charles.

– Comme si t'avais pas déjà réfléchi.

– Oh! msieu Charles, comme vous êtes squeleptique.

La sonnerie du truc-chose se mit de nouveau à téléphonctionner.

– Non mais qu'est-ce qu'il a, qu'est-ce qu'il a.

– Laisse-le donc tomber, dit Charles.

– Faut pas être si dur que ça, c'est quand même un copain.

– Ouais, mais la gosse en supplément ça n'arrange rien.

– Y pensez pas à la gamine. A stage-là, c'est du flan.

Comme ça continuait à ronfler, de nouveau Charles se mit au bout du fil de l'appareil décroché.

– Allô, hurla Gabriel.

– Rrroin, dit Charles.

– Allez, fais pas lcon. Va, fonce chez Marceline et tu commences à m'emmerder à la fin.

– Tu comprends, dit Charles d'un ton supérieur, tu mdéranges.

– Non mais, brâma le téléphone, qu'est-ce qu'i faut pas entendre. T't'déranger toi? qu'est-ce que tu pourrais branler d'important?

Charles posa énergiquement sa main sur le fonateur de l'appareil et se tournant vers Mado, lui demanda:

– C'est-ti oui? c'est-ti non?

– Ti oui, répondit Mado Ptits-pieds en rougissant.

– Bin vrai?

– (geste)

Charles débloqua le fonateur et communiqua la chose suivante à Gabriel toujours présent à l'autre bout du ficlass="underline"

– Bin voilà, j'ai une nouvelle à t'annoncer.

– M'en fous. Va me chercher…

– Marceline, je sais.

Puis il fonce à toute vitesse:

– Mado Ptits-pieds et moi, on vient de se fiancer.

– Bonne idée. Au fond j'ai réfléchi, c'est pas la peine…

– T'as compris ce que je t'ai dit? Mado Ptits-pieds et moi, c'est le marida.

– Si ça te chante. Oui, Marceline, pas la peine qu'elle se dérange. Dis-y seulement que j'emmène la petite au Mont-de-piété pour voir le spectacle. Y a des voyageurs distingués qui m'accompagnent et quelques copains, toute une bande quoi. Alors mon numéro, ça ce soir, je vais le soigner. Autant que Zazie en profite, c'est une vraie chance pour elle. Tiens, et puis c'est vrai, t'as qu'à venir aussi, avec Mado Ptits-pieds, ça vous fera une célébration pour vos fiançailles, non, pas vrai? Ça s'arrose ça, c'est moi qui paie, et le spectacle en plus. Et puis Turandot, il peut venir aussi, cette andouille, et Laverdure si on croit que ça l'amusera, et Gridoux, faut pas l'oublier, Gridoux. Sacré Gridoux.

Là-dessus, Gabriel raccroche.

Charles laisse pendre l'écouteur au bout de son fil et se tournant vers Mado Ptits-pieds, il entreprit d'énoncer quelque chose de mémorable.

– Alors, qu'il dit, ça y est? L'affaire est dans le sac?

– Et comment, dit Madeleine.

– On va se marier, nous deux Madeleine, dit Charles à Turandot qui rentrait.

– Bonne idée, dit Turandot. Je vous offre un réconfortant pour arroser ça. Mais ça m'embête de perdre Mado. Elle travaillait bien.

– Oui mais c'est que je resterai, dit Madeleine. Je m'emmerderais à la maison, le temps qu'il fait le taxi.

– C'est vrai, ça, dit Charles. Au fond, y aura rien de changé, sauf que, quand on tirera un coup, ça sera dans la légalité.

– On finit toujours par se faire une raison, dit Turandot. Qu'est-ce que vous prenez?

– Moi jm'en fous, dit Charles.

– Pour une fois, c'est moi qui vais te servir, dit Turandot galamment à Madeleine en lui tapant sur les fesses ce qu'il n'avait pas coutume de faire en dehors des heures de travail et alors seulement pour réchauffer l'atmosphère.

– Charles, il pourrait prendre un fernet-branca, dit Madeleine.

– C'est pas buvable, dit Charles.

– T'en as bien écluse un verre à midi, fit remarquer Turandot.

– C'est pourtant vrai. Alors pour moi ce sera un beaujolais.

On trinque.

– A vos crampettes légitimes, dit Turandot.

– Merci, répond Charles en s'essuyant la bouche avec sa casquette.

Il ajoute que c'est pas tout ça, faut qu'il aille prévenir Marceline.

– Te fatigue pas, mon chou, dit Madeleine, jvais y aller.

– Qu'est-ce que ça peut lui foutre que tu te maries ou pas? dit Turandot. Elle attendra bien demain pour le savoir.

– Marceline, dit Charles, c'est encore autre chose. Y a Gabriel qu'a gardé la Zazie avec lui et qui nous invite tous et toi aussi à venir s'en jeter un en le regardant faire son numéro. S'en jeter un et j'espère bien plusieurs.

– Bin, dit Turandot, t'es pas dégoûté. Tu vas haller dans une boîte de pédales pour célébrer tes fiançailles? Bin, je le répète, t'es pas dégoûté.

– Tu causes, tu causes, dit Laverdure, c'est tout ce que tu sais faire.

– Vous disputez pas, dit Madeleine, moi jvais prévenir madame Marceline et m'habiller chouette pour faire honneur à notre Gaby.

Elle s'envole. A l'étage second parvenue, sonne à la porte la neuve fiancée. Une porte sonnée d'aussi gracieuse façon ne peut faire autre chose que s'ouvrir. Aussi la porte en question s'ouvre-t-elle.

– Bonjour, Mado Ptits-pîeds, dit doucement Marceline.

– Eh bin voilà, dit Madeleine en reprenant sa respiration laissée un peu à l'abandon dans les spires de l'escalier.

– Entrez donc boire un verre de grenadine, dit doucement Marceline en l'interrompant.

– C'est qu'il faut que je m'habille.

– Je ne vous vois point nue, dit doucement Marceline.

Madeleine rougit.

Marceline dit doucement:

– Et ça n'empêcherait pas le verre de grenadine, n'est-ce pas? Entre femmes…

– Tout de même.

– Vous avez l'air tout émue.

– Jviens de me fiancer. Alors vous comprenez.

– Vous n'êtes pas enceinte?

– Pas pour le moment.

– Alors vous ne pouvez pas me refuser un verre de grenadine.

– Ce que vous causez bien.

– Je n'y suis pour rien, dit doucement Marceline en baissant les yeux. Entrez donc.

Madeleine susurre encore des politesses confuses et entre. Priée de s'asseoir, elle le fait. La maîtresse de céans va quérir deux verres, une carafe de flotte et un litron de grenadine. Elle verse ce dernier liquide avec précaution, assez largement pour son invitée, juste un doigt pour elle.

– Je me méfie, dit-elle doucement avec un sourire complice. Puis elle dilue le breuvage qu'elles supent avec des petites mines.

– Et alors? demande doucement Marceline,

– Eh bien, dit Madeleine, meussieu Gabriel a téléphoné qu'il emmenait la petite à sa boîte pour le voir faire son numéro, et nous deux avec, Charles et moi, pour fêter nos fiançailles.

– Parce que c'est Charles?

– Autant lui qu'un autre. Il est sérieux et puis, on se connaît.

Elles continuaient à se sourire.

– Dites-moi, madame Marceline, dit Madeleine, quelle pelure dois-je mettre?

– Bin, dit doucement Marceline, pour des fiançailles, c'est le blanc moyen qui s'impose avec une touche de virginal argenté.

– Pour le virginal, vous rpasserez, dit Madeleine.

– C'est ce qui se fait.

– Même pour une boîte de tapettes?

– Ça ne fait rien à la chose.

– Oui mais oui mais oui mais, si j'en ai pas moi de robe blanc moyen avec une touche de virginal argenté ou même simplement un tailleur deux-pièces salle de bains avec un chemisier porte-jarretelles cuisine, eh! qu'est-ce que je ferai? Non mais, dites-moi dites, qu'est-ce que je ferai?

Marceline baissa la tête en donnant les signes les plus manifestes de la réflexion.

– Alors, qu'elle dit doucement, alors dans ce cas-là pourquoi ne mettriez-vous pas votre veste amarante avec la jupe plissée verte et jaune que je vous ai vue un jour de bal un quatorze juillet.