— Mais, bredouillé-je, en regardant Dominique, quand nous nous sommes connus, elle était déguisée en homme.
— Ce qui n’a pas empêché son charme d’agir et, partant, de vous sauver, San-Antonio. Car, si vous aviez été vous aussi en état de léthargie…
Le Gros se rebiffe :
— J’eusse accompli la mission tout seul, môssieur le directeur. Parce que faudrait quand même pas que vous me prissiez pour un incapable !
Le dirlo propage des choses apaisantes. On coupedechampagne à la santé de notre santé, après quoi, toujours flanqué de ma gentille Dominique (que je n’ai pas du tout l’intention de larguer pour le moment) j’accompagne Pépère chez lui.
Son escalier est noir de monde.
On perçoit un ramdam phénoménal, en provenance de son appartement. Personne ne parle. C’est l’angoisse…
— Qu’est-ce qu’arrive ! hurle le Gros en se jetant dans la mêlée.
Bien qu’ils soient fortement en brouille, devant ce cas particulier, sa concierge consent une dérogation :
— Voilà une heure, on a livré une grande caisse pour vous. Ça provenait d’un pays perdu… De Tasse-manie, je crois… Un truc que vous auriez gagné à la télévision de là-bas, qu’on m’a raconté !
Béru enfonce sa porte à la volée. Une de plus à son palmarès. Quand on le voit pulvériser pênes, serrures et chambranles, on se demande pourquoi il collectionne les porte-clés !
Beau spectacle, mes amis !
Au fond de l’entrée, Berthe, à poil, est debout sur une commode. Elle crie des « Arrêtez ! Arrêtez ! » désespérés, mais qui ne suffisent pas à stopper la furia d’un formidable kangourou occupé à boxer Alfred le coiffeur.
— Oh, m… ! s’écrie le Gros, abasourdi. C’était donc ça mon gros lot !