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— Je ne fais plus partie de l’Inkatha, répéta Zina.

— Mais tu as gardé des contacts : un de tes musiciens est le frère de Joe Ntsaluba, un proche du chef Buthelezi : Joe est un de tes vieux amis, n’est-ce pas ? (Comme elle ne disait rien, il insista :) Terreblanche a une base quelque part, à l’étranger ou même en Afrique du Sud.

— C’est tout ce que tu as trouvé pour me piéger ?

— C’est toi qui parles de piège. Je veux la peau de Terreblanche, pas la tienne.

— Ah oui ?

Il sentit qu’elle hésitait.

— Ça restera entre nous, assura Neuman.

La danseuse gambergea à l’autre bout du fil — le régisseur lui faisait des signes affolés par la porte de la loge : c’était l’heure.

— Il faut que je te laisse, dit-elle.

— C’est urgent.

— Je te rappelle.

— Ngiyabonga[38].

Neuman raccrocha au moment où Epkeen ressortait du bar. L’Afrikaner jeta la note dans la poubelle, vit son ami planté au milieu de la terrasse, hagard.

— Tu as eu la fille de l’Inkatha ?

— Oui, dit-il. Elle cherche de son côté.

Les allées du Waterfront s’étaient vidées. Brian s’approcha :

— Qu’est-ce qui se passe ?

— Rien.

Mais il crut un instant qu’il allait pleurer.

— Tu m’envoies un message en revenant de Hout Bay, abrégea Neuman. Rendez-vous demain matin.

Brian acquiesça, le cœur dans un étau.

— Salut, Cassandre…

— Ouais, salut.

Une impression détestable. Comme s’ils se voyaient pour la dernière fois.

* * *

Le matériel était rassemblé, échantillons, tests, disque dur… Terreblanche referma la deuxième malle et leva la tête vers le gérant de l’agence, qui venait d’entrer dans la pièce.

— Quelqu’un s’est introduit dans nos fichiers, annonça Debeer.

— Comment ça, quelqu’un s’est introduit dans les fichiers ?

— Un hacker.

Le visage de l’ancien militaire s’empourpra :

— Il y a quoi sur ces fichiers ?

— Les comptes de l’agence… Le flic qui est venu l’autre jour cherchait un Pinzgauer, poursuivit Debeer. Ils ont peut-être fait le lien avec la maison.

Les flics n’avaient pas mordu à l’hameçon. Ils connaissaient l’existence du véhicule… Terreblanche hésita quelques secondes, brancha les bons circuits de son cerveau, se rassura vite : ils ne pourraient pas remonter jusqu’à lui, à moins de le prendre la main dans le sac. C’était trop tard. Tout était prêt, finalisé, le labo détruit, l’équipe de recherches déjà à l’étranger. Restait à évacuer le matériel — l’avion était prêt — et à effacer les dernières traces…

— Il reste combien d’hommes ?

— Quatre, avec moi, répondit Debeer. En plus des deux employés…

Ils n’étaient au courant de rien. On pouvait laisser un vigile à l’agence : les autres viendraient avec lui… Terreblanche prit son portable et composa le numéro de Mzala.

Les chambres situées au fond du shebeen avaient été épargnées par la fusillade. Les bâtons d’encens qui brûlaient près du couteau ne cachaient pas l’odeur de pieds mais Mzala s’en fichait. Le chef du gang des Americans se faisait pomper sur la paillasse qui lui servait de couche quand son portable sonna — une rafale de mitraillette téléchargée sur Internet, qui faisait marrer les autres… Il repoussa la grosse en soutien-gorge qui lui bavait le long du gland, vit le numéro affiché — qu’est-ce qu’il voulait encore ce connard ? — et recolla la tête de la fille sur son dard.

— Ouais ?

L’ancien colonel n’était pas d’humeur badine.

— Tu vas organiser une grande fête ce soir en l’honneur des Americans, annonça-t-il d’une voix qui n’allait pas du tout avec l’événement. Informes-en tes petits copains, qu’ils se ramènent tous la fleur à la boutonnière.

— C’est pas ça qui va les motiver ! ricana leur chef. On fête quoi ?

— La victoire contre le gang rival, répondit Terreblanche, le pognon qui va bientôt tomber, peu importe : crédit d’alcool illimité.

Le Chat plissa les yeux sans relâcher la pression de la fille sur sa queue.

— C’est gentil, ça, patron… C’est quoi l’embrouille ?

— Il suffira de ne pas boire n’importe quoi, insinua Terreblanche. Je fournis la poudre du marchand de sable et le service après-vente, ajouta-t-il. Seul impératif, que tous les éléments impliqués soient présents ce soir : il faut qu’on ait décampé à l’aube.

Mzala oublia soudain la fille, les gros seins écrasés sur ses couilles : c’était le Grand Soir.

— Faut faire le ménage avant de partir, c’est ça ?

— Le grand ménage, oui… Je passerai à l’église vers sept heures trente pour te fournir le matériel.

— OK.

— Encore une chose : je ne veux pas l’ombre d’un témoin dans cette affaire. Pas un.

— Vous pouvez me faire confiance, assura Mzala.

— Ça ne risque pas, grinça le boss. Il va falloir me rapporter des preuves. Débrouille-toi comme tu veux. Pas de preuves, pas d’argent : c’est clair ?

L’esprit du tsotsi flottait sur un matelas plein de sang.

— Très clair, dit-il en raccrochant.

La fille qui le suçait poussait des gémissements, son gros cul en l’air, comme si mille boucs l’enfourchaient depuis les astres. Mzala sourit au-dessus d’elle, qui pompait en cadence… Il pensait à ses gros seins qui ballaient sur ses couilles, sa gorge potelée qui bientôt accueillerait son sperme, au couteau près de la paillasse, et jouit très vite.

* * *

— Vous avez encore besoin de moi, monsieur Van der Verskuizen ?

Il était sept heures du soir et Martha avait fini sa journée.

— Non non, Martha, lança-t-il : vous pouvez rentrer chez vous !

La secrétaire sourit en retour, empoigna son sac à main rose posé derrière le comptoir et ouvrit la porte :

— À demain, monsieur Van der Verskuizen.

— À demain, Martha…

Rick regarda la jeune femme quitter le cabinet. Il venait de l’engager, elle était encore à l’essai. Martha, une blonde toute fraîche émoulue de l’Agence pour l’emploi et qui devait avoir la chatte la plus serrée de l’hémisphère Sud — ah ah ! Il venait d’expédier le dernier client, un architecte raseur qui souffrait d’un abcès dû à la poussée anarchique de dents de sagesse : il avait réussi à lui coller une série de six rendez-vous. Quand on a du fric, on le dépense en choses inutiles, pas vrai ?

On sonna à la porte du cabinet. Martha avait oublié quelque chose : sa culotte peut-être — ho ho ho… Il ouvrit la porte blindée mais son sourire huilé se figea comme sous l’effet d’un anesthésiant.

Ruby.

— Tu as l’air surpris, tu attendais quelqu’un d’autre ?

— Pas du tout, pas du tout ! se récria-t-il en la prenant par le bras. C’est juste que tu ne viens jamais au cabinet. Ça va, ma chérie ?

Rick avait retrouvé son sourire à la Clooney, celui qu’il servait aux célébrités locales pour leur montrer qu’ils étaient bien du même bord. Il entraîna sa fiancée vers son cabinet personnel, dont l’immense baie vitrée donnait sur la Table Mountain.

— J’ai deux ou trois papiers à prendre et je suis à toi…

— J’ai eu ton ancienne secrétaire au téléphone tout à l’heure, fit alors Ruby d’une voix trop calme. Elle m’a dit que tu étais assez intime avec tes jeunes collaboratrices.

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38

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